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D’Homer a Billie Holiday. Dos símils per a les penjades / els penjats

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La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François VILLON (1431 – 1463)
Epitaphe en forme de ballade (fragment)

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[…] i nuà el llibant del vaixell de proa blavenca
a la columna gran i el tirà que cenyís la rotonda
alt i ben tes, de manera que els peus no toquessin a terra.
Com llavors que uns coloms o unes grives d’ala estirada
topen amb unes teles parades entre uns arbustos,
quan tornaven a jóc, i avorrible és el jaç que els rebia:
elles talment de rengle tenien els caps, cadascuna
amb un nus al seu coll, per morir de trista manera;
i debateren de peus un poc, val a dir que no gaire.
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Odissea, XXII
Traducció (2ª) de Carles Riba

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Una fruita estranya
Als arbres del sud hi ha una estranya fruita,
sang a les arrels i sang a les fulles.
La brisa del sud fa ballar les anques
de la fruita estranya que penja dels àlbers.
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Bucòlica escena de l’intrèpid sud:
les boques torçades, bombolles els ulls.
Perfum de magnòlies xopes de rosada
i de sobte el tuf de la carn cremada.
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Aquí hi ha una fruita que els corbs picaran,
que rebrà les pluges, que els vents xuclaran.
Podrida pel sol, caurà de les branques.
Aquí hi ha una fruita estranya i amarga.
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Lewis Allan i Billie Holiday
Versió lliure de Pere Rovira
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Southern trees bear a strange fruit,
Blood on the leaves and blood at the root,
Black bodies swinging in the southern breeze,
Strange fruit hanging from the poplar trees.

Pastoral scene of the gallant south,
The bulging eyes and the twisted mouth,
Scent of magnolias, sweet and fresh,
Then the sudden smell of burning flesh.

Here is fruit for the crows to pluck,
For the rain to gather, for the wind to suck,
For the sun to rot, for the trees to drop,
Here is a strange and bitter crop.

Abel Meeropol (Lewis Allan)

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CODA:

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Ballade des pendus

Sur ses larges bras étendus,
La forêt où s’éveille Flore,
A des chapelets de pendus
Que le matin caresse et dore.
Ce bois sombre, où le chêne arbore
Des grappes de fruits inouïs
Même chez le Turc et le More,
C’est le verger du roi Louis.

Tous ces pauvres gens morfondus,
Roulant des pensers qu’on ignore,
Dans des tourbillons éperdus
Voltigent, palpitant encore
Le soleil levant les dévore.
Regardez-les, cieux éblouis,
Danser dans les feux de l’aurore,
C’est le verger du roi Louis.

Ces pendus, du diable entendus,
Appellent des pendus encore.
Tandis qu’aux cieux, d’azur tendus,
Où semble luire un météore,
La rosée en l’air s’évapore,
Un essaim d’oiseaux réjouis
Par dessus leur tête picore,
C’est le verger du roi Louis.

Prince, il est un bois que décore
Un tas de pendus, enfouis
Dans le doux feuillage sonore.
C’est le verger du roi Louis !

Théodore de BANVILLE (1823 – 1891)

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