Arxius
A l’Ulisses de Kazantzakis, amb ànima de falcó, la seva illa li és estreta i salvatge. Un Ulisses anarquista i asceta.
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Ulisses:
Estimada, per la dolçor del teu rostre
endevino la beutat del teu cor.
Compadeix-te de mi, vell com sóc, i mostra’m
en quina terra m’han llençat novament els déus!
Per què calles? Digue’m tota la veritat,
sense embuts! Molts sofriments ha endurat el meu cor lluitant contra cel i terra
i ara desitja saber la veritat.
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Atenea:
Petges la terra dels teus avantpassats,
tot tu et vincles com un arc assassí,
i no te n’adones!
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Ulisses:
Oh, com es commou el meu esperit!
Aquesta illa estreta i salvatge,
sense aigua i llum, m’afeixuga per tots costats
i m’ofego… Com cabrà en aquest niu
de pardal la meva ànima de falcó?
On és la meva alta muntanya, els arbres
d’espessa fronda, els profunds ports?
Que pobre i miserable em sembla tot!
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Nikos Kazantzakis
Odisseu
Traducció d’Eusebi Ayensa
Revista de Girona
nº 171. juliol/agost 1995
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.[…] l’Odissea, acabada en 1937 després de treballar-hi constantment tretze anys, és alhora el resum i el punt culminant de tota l’obra de Kazandzakis. Heus aquí el que ell mateix en diu: «Jo havia provat diversos camins per trobar el de la meva alliberació: el de l’amor, el de la recerca filosòfica, el de la curiositat científica, i també el de la lluita social. A la fi vaig emprendre el camí ardu i solitari de la poesia». I així l’Ulisses d’aquesta Odissea és un Ulisses dels somnis impossibles i dels actes insensats, alhora un suscitador de problemes, un anarquista i un asceta. És el propi autor i el símbol de la inquietud de l’home modern, sempre a la recerca d’alguna cosa que no ateny mai. Ulisses apareix com el principi i la fi de tota cosa; ell crea al mateix temps que és creat i és absorbit; la seva existència es desenrotlla fora del temps i experimenta les transformacions de tota la humanitat, que són les seves pròpies. Pensa que, sense ell, no existirien ni el món ni Déu, que no són sinó reflexos de la seva ànima i del seu esperit. Ell és la música i el silenci, la guerra i la pau, l’amor i l’odi.
Kazandzakis mateix, en una carta al seu amic Pravelakis, ens acaba de perfilar la figura del seu Ulisses, que és ell mateix: «Tu saps, Pandelis —diu—, que el meu heroi no és ni Faust, ni Hamlet, ni Don Quixot, sinó Ulisses… Jo no tinc la set insadollable de la intel·ligència occidental, ni em balancejo entre el si i el no per venir a parar a la immobilitat, ni tinc tampoc l’impuls ridícul i sublim del noble lluitador dels molins de vent. Jo sóc un mariner d’Ulisses, de cor inflamat i d’esperit inexorable i lúcid; però no pas de l’Ulisses que torna a Ítaca i hi mor, sinó de l’altre, que torna, mata els seus enemics, però que un dia, perquè la pau i la quietud l’asfixien a la seva pàtria, es fa de nou a la vela». ¿I quins són els enemics que mata abans de fer-se a la mar? La por i l’esperança. Farà les seves singlades endut per una força misteriosa que ara és flama ardent, ara és llum, i que l’esperit anomena veritat, i el cor, amor. […].
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Pròleg a “Alexis Zorbàs“
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Alexis Zorbàs
Pròleg i traducció de Jaume Berenguer Amenós
Editorial Vergara
Barcelona, 1965
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L’Odissea de Kazantzakis. El Pròleg.
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Prologue
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Soleil, mon grand Levant, bonnet d’or de ma penséé, que j’aime à porter de travers, l’envie me prend de jouer, tant que tu vis et que je vis aussi, pour réjouir nos coeurs.
Cette terre est bonne et nous convient; comme la grappe bouclée elle s’accroche à l’air bleu et se balance dans la tempête, mordillée par les esprits et les oiseaux du vent.
Mordillons-la nous aussi, pour rafraîchir notre pensée.
Dans la grande cuve entre mes tempes, je foule le raisin craquant; le moût violent bouillonne; la tête entière rit et fume dans le jour inflexible.
La terre a-t-elle ouvert ses voiles, ou mon cerveau s’est-il ébranlé.
La nécéssité aux yeux noirs est-elle ivre et le chant commencé!
Au-dessus de moi, le ciel brûlant; au dessous, mon ventre, mouette sur la mer qui se baigne dans l’ecúme; mes narines sont pleines de sel; contre mon dos battent les vagues, vite, vite, et s’en vont; et je m’en vais moi aussi avec elles.
Soleil, triple soleil qui passes là-haut et scrutes tout en bas, je vois un bonnet marin, celui du Destructeur de cités.
Donnons-lui un coup de pied pour jouer, pour voir jusqu’où il s’en ira.
Le temps, vois-tu, a des retours, le sort a des roues, c’est l’esprit humain, là-haut, qui ls fait tournoyer.
Viens, donnons un coup de pied à la terre pour qu’elle cabriole.
Soleil, mon regard rapide et joueur, mon limier ardent, déniche la proie que j’aime, prends-la en chasse.
Ce que tu vois sur terre, rapporte-le, ce que tu entends, confie-le-moi, je ferai tout entrer dans l’atelier decret de mes entrailles, et lentement, avec le rire et le jeu, avec la caresse lente, pierre, eau, flamme, terre deviendront esprit.
Alors l’âme lourde aux ailes boueuses se détachera doucement du corps, et montera comme une flamme tranquille se perdre dans le soleil.
Vous vous êtes bien repus, les amis, sur le rivage en fête.
Rire, danse, petits baisers et lent bavardage.
La fête en vous s’est accomplie et s’est perdue dans la chair; mais en moi le vin fermente, la chair s’anime, un air marin bondit qui va me renverser.
J’ai envie d’entonner un chant. Faites-moi place, frères!
Ah! la fête est grande et le lieu étroit.
Écartez-vous, il me faut de la place pour m’allonger, de l’air pour ne pas étouffer.
Que je lance les jambes, que j’étende le bras, que je ne blesse pas dans mon exaltation vos femmes et vos enfants.
Car elles me sauteront à la gorge, je crois, quand je laisserai mes paroles s’en aller de rive en rive faire la chasse à l’homme.
Et quand mon gosier sera sec et ma peine obsédante, je me lèverai et réclamerai de l’espace pour danser sur le rivage.
Ôte-moi la prudence, mon Dieu, que s’ouvrent les tempes, que s’ouvrent les trappes de l’esprit, que le monde respire!
Holà! paysans-fournis, charrieurs de blé, je vais semer le coquelicot rouge pour incendier les champs.
Filles à la colombe sauvage posée sur votre poitrine frêche, gaillards au couteau noir serré à la ceinture, la terre est un arbre mort, même si vous vous battez.
Moi, de mon chant, je vais la faire fleurir!
Artisans, laissez vos outils, rangez vos tabliers, sortez du joug de la nécessité, la liberté pousse un cri.
La liberté, frères, ce n’est pas le vin, ni la femme douce, ni le bien dans les celliers, ni le fils dans le berceau, c’est un chant solitaire et dédaigneux qui se perd dans le vent.
Buvez l’onde âpre du Refus, pour purifier votre pensée, oubliez vos drogues et l’intérêt avilissant, que vos coeurs deviennent des coeurs d’enfant, vierges, insouciants et fragiles, fleurissez, cervelles, et que le rossignol vienne chanter!
Et vous, vieillards, criez pour que vos dents repoussent et vos cheveux noir de corbeau, pour que l’esprit délié rebondisse!
Sur notre maître le Soleil, sur notre dame Lune, je jure que la vieillesse est un rêve et la mort une illusion.
Tout est artifices de l’âme et jeux de l’esprit, yout est vent qui souffle et ouvre les tempes.
Un rêve léger et ce monde est né.
Partons à la conquête du monde, amis, avec le chant!
Holà! compagnons du voyage, prenez les rames, le capitaine avance.
Mères, donnez le sein à vos nourrissons, qu’ils cessent de pleurer!
En avant! plus de soucis médiocres, dressez l’oreille, je vais raconter les aventures et tourments du célèbre Ulysse.
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Nikos Kazantzakis
Odissea (Pròleg)
Traducció de Jaqueline Moatti.
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L’Odyssée
Traduction de Jacqueline Moatti
Éditions Richelieu. E. Kazantzaki et Librairie Plon.
Paris, 1971
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