Arxius

Posts Tagged ‘Tersites’

Marcel Proust i Reynaldo Hahn llegeixen la Ilíada

.

.

À MARIE NORDLINGER

.

[juillet ou août 1905]

.

Chère amie

J’ai reçu votre précieux envoi et je vous remercie de tout cœur. C’est merveilleux ! […]

[…]

Ce soir visite inopinée, et malgré ma fatigue, comme je n’étais, par extraordinaire maintenant, pas trop oppressée, reçue. Celle de Reynaldo retour d’un tas de plages assez étonnantes où il a mené une vie de vaudevilliste plus que de musicien si j’en crois ces récits où croyant aller chez M. X par la grande porte, il se trouve entrer chez Mme. Z par l’escalier de service, ce qui ne fit rien comme il connait aussi Mme. Z  etc. etc. etc. I revient très épris de l’Iliade que par une coïncidence qui n’a rien de curieux je lisais au même moment. Je dis rien de curieux, car c’était la lecture des Contes de Lemaître et le désir d’y répondre qui m’avait fait reprendre ce vieux livre prodigieux et Reynaldo c’était la vue de plages qu’il « sentait » homériques qui l’avait incité à cette lecture. Il m’a avoué sa tristesse de savoir que cette Iliade était une œuvre anonyme et collective et non l’œuvre du « vieil Homère ». Je l’ai consolé en lui apprenant que cette opinion de l’œuvre collective n’avait plus aucun crédit auprès des savants et qu’elle n’en avait jamais eu d’ailleurs auprès des gens de bon sens. Il doutait encore mais je lui ai mis entre les mains une Revue de Paris où un excellent article de M. Bréal lui démontrera formellement qu’Homère a existé comme Massenet et que l’Iliade a l’été composée comme Sesame and Lilies et même écrite et non récitée. Tout cela m’a paru le remettre. Mais comment pour prendre cette Revue libératrice à deux pas de mai j’ai pris un refroidissement qui pendant des semaines va m’anéantir c’est ce que j’ai trop mal aux yeux pour vous écrire et ce qui intéresse d’ailleurs à un moindre degré l’histoire littéraire et même l’histoire tout court que la paternité de l’Iliade, l’opinion de Bréal et l’opinion de Reynaldo. Ce qui a frappée particulièrement Reynaldo dans l’Iliade c’est la politesse des héros. Comme ils passent leur temps à se dire « chien » et à se casser la tête je ne suis pas de son avis. Mais il est vrai que même en s’injuriant ils disent : « Sache ô magnanime Hector je vais te tuer comme un chien que tu es. » « Âme vile, pareille aux chiennes de l’Enfer, irréprochable Hélène. »

Chère amie j’ai voulu vous souffler jusqu’à Gladville un peu de « l’atmosphère Courcelles et Alfred de Vigny ». Mais vraiment je suis trop épuisé pour ce genre d’entreprises et manque moi-même trop de « souffle » ce soir. Merci encore et tout à vous.

Marcel Proust

.

.

.

M. Nordlinger

M. Proust

Reynaldo Hahn

.

.

[…]

L’idée qui attriste Reynaldo Hahn est issue de Wolf, selon lequel l’œuvre d’Homère, si longue et pourtant non écrite, résulterait d’une addition de poèmes courts, comparables aux chansons populaires des troubadours ; Herder n’avait-il pas réuni et édité des contes folkloriques allemands, sous le double concept de Wolkslieder et d’Urliteratur ? Bréal dès lors réfute l’idée d’une création orale et collective (“souvenir importun des temps modernes” – comprenons de Herder), et explique les disparités et contradictions de l’Iliade par divers poèmes ayant précédé et préparé l’épopée homérique. Il postule en revanche l’existence d'”un manuscrit seul de son espèce, d’un archétype possédé par une communauté, servant à la célébration d’une solennité, et conservé et augmenté pour le service de solennités semblables”. Ce débat laissera des traces dans la Recherche, puisqu’à l’époque des Jeunes filles en fleurs, le narrateur recourt à une “belle expression populaire dont, comme pour les plus célèbres épopées, on ne connaît pas l’auteur, mais qui comme elles et contrairement à la théorie de Wolf en a certainement un”.

Proust tranche donc pour la thèse unitaire et individuelle de l’œuvre homérique. Il y est incité par la doctrine du sociologue Gabriel Tarde, qui a exercé une si grande influence sur la mise en scène de ses personnages, et dont il transpose souvent les théories dans le domaine de la création littéraire. Or la thèse centrale de Tarde, qui l’oppose totalement à Durkheirn, est celle-ci : “Pour qu’une combinaison d’idées éclaire les esprits d’une nation, il faut qu’elle luise d’abord dans un cerveau isolé”. Ainsi la question d’une création individuelle ou collective, soulevée avec acuité par la controverse homérique, est-elle interprétée ici à la lumière d’un débat sociologique tout contemporain : si en effet on applique à cette controverse la théorie de Tarde, on dira que les épopées homériques sont d’abord nécessairement nées dans un cerveau isolé, puis ont été répétées et amplifiées par un groupe d’aèdes ; un linguiste et mythologue comme Bréal n’affirme pas autre chose ; un adepte de la nature purement individuelle de l’acte créateur comme Proust fait à son tour sienne cette conviction.

[…]

Luc Fraise
L’Homère de Marcel Proust
A: Homère en France après la Querelle (1715 – 1900)

.

.

.

THERSITE

.

C’ÉTAIT l’homme le plus laid qui fût venu devant Ilion. Il était louche, boiteux, bossu, avec une tête pointue où poussaient quelques cheveux épars. D’une voix aigre, il outrageait Agamemnon :

« — Atrïde, tes tentes sont pleines d’airain et des belles femmes que nous te donnons d’abord, quand nous prenons une ville. Que te faut-il encore ?

« Et, se tournant vers les soldats : « Lâches ! Achéennes et non Achéens ! Retournons dans nos   demeures avec les nefs. Laissons-le, seul devant Troie, amasser des dépouilles. Il verra alors si nous lui sommes nécessaires ou non. N’a-t-il pas outragé Achille, meilleur guerrier que lui, et enlevé sa récompense ? Certes, Achille a l’âme douce ; autrement, Atride, c’eût été ta dernière insolence !

« Mais le divin Ulysse regarda Thersite et lui dit :

« — Silence, infatigable bavard ! Si je te surprends encore clabaudant comme tu fais, que ma tête tombe de mes épaules si je ne te saisis dans ma forte main, et si t’ayant mis tout nu, je ne te reconduis jusqu’aux nefs, en te rouant de coups !

« Il dit, et le frappa de son bâton royal sur le dos et sur les épaules. Et Thersite se courba, pleurant de rage. Une tumeur saignante lui gonfla le dos sous le coup du sceptre d’or ; et il s’assit, tremblant et gémissant, hideux à voir.

« Et les Achéens rirent aux éclats ; et, se regardant les uns les autres, ils se disaient :

« — Certes, Ulysse a déjà fait mille choses excellentes, par ses sages conseils et par sa science guerrière ; mais ce qui’l a fait de mieux a été de réduire au silence ce harangueur injurieux. » (Iliade, Il)

[…]

Jules Lemaître
En Marge de L’Iliade
En Marge des Vieux Livres (Contes)

.

.

.

Marcel Proust
Correspondance
Tome V (1905)
Texte établi, présenté et annoté par Philip Kolb
Plon. París, 1979

.

.

.

Homère en France après
la Querelle (1715 – 1900)

Actes du colloque de
Grenoble (23-25 octobre 1995)
Université Sthendal-Grenoble 3

Honoré Champion Éditeur. París, 1999
ISBN: 9782745300683

.

.

Jules Lemaitre

En Marge des Vieux Livres (Contes)
Première série

Société Française d’Imprimerie et de Librairie
Paris, [1905]

.

.

.

Una Penèlope infidel, cruel i dictatorial. «El diari de Penèlope» de Kostas Vàrnalis

.

.

.

Diario di Penelope - Kostas VàrnalisEl diari de Penèlope va aparèixer com un suplement al Rizospastis, diari del Partit Comunista Grec, del 4 d’agost de 1946. El mateix dia, en una entrevista concedida al col·lega Ghiorgos Lambrinòs, Kostas Vàrnalis aclareix les afirmacions contingudes en el pròleg de l’obra, a fi de consolidar la seva posició alternativa, respecte a tendència literària conservadora i respectuosa dels símbols i dels ideals transmesos a partir de la cultura grega clàssica. Usa dos termes per caracteritzar els exponents i els defensors de l’autoritat del Mite, reconeixibles en les figures de Kakridìs i Theodorakòpoulos, professors de literatura grega i filologia a l’Universitat d’Atenes: progonolatres i neopatriotes, és a dir, admiradors dels avantpassats i conservadors. Personatges que s’esquinçarien la vestimenta davant de la seva atrevida operació de capgirament de la mitologia, i particularment d’un gran «patrimo­ni nacional»: Penèlope, la Dona Ideal.

Conscient de la dessacralització duta a terme, Vàrnalis afirma que per trobar la veritat, la història real, és necessari donar la volta a la llegenda, tal com ha estat transmesa per mil·lenis. La sàtira és el gènere que permet ridiculitzar els símbols passats, despullar les figures granítiques del Mite embolcallades amb una aura de perfecció moral, instrumentalitzar esdeveniments i personatges com Penèlope, Ulisses, Tersites, per explicar el seu desdeny profund cap a la societat contemporània i els règims totalitaris, el seu disgust per la religió —panacea i anestèsic de les ànimes sotmeses— i per la monarquia i la classe burgesa grega, mancada de columna vertebral i disposada a sotmetre’s a cada invasor.

El que sorprèn el lector que recorre les pàgines d’aquest Diari no és tant la transgressora infidelitat de Penèlope com el seu capteniment de dictadora cruel i antipopular des dels primers compassos. Dóna suport a la narració una densa xarxa d’anacronismes espai-temporals que vinculen els personatges de l’èpica homèrica amb les vicissituts sofertes per Grècia, des de l’alliberament del jou otomà, fins als anys pesants de la dictadura de Ioannis Metaxàs, a la Resistència contra els invasors més o menys odiats de la segona guerra mundial.

El diari de Penèlope es desenrotlla en tretze capítols encapçalats per títols significatius, en els que la reina d’Ítaca escriu en primera persona les seves sensacions per la partença d’Ulisses. La punyent ironia de Vàrnalis explota des de la primera descripció d’Ulisses, un faldiller que deixa l’illa per l’expedició contra Troia, dret a la proa, saludant totes les seves conquistes, sense ni un sol petó a la dona legítima. Tot sembla clàssicament regular: Penèlope, abatuda per aquest abandó forçat, es reclou a les seves estances, deixa de menjar, no vol més cantors que alegrin la cort. Però de la foscor del seu confinament en sorgeix una altra persona, una dona conscient del seu poder i dels seus objectius: restablir l’ordre perdut mitjançant la violència, sotmetre els prínceps que desitgen maridar-la per obtenir el regne, abandonar-se als gaudis i a una sexualitat primitiva i secreta. Penèlope justifica el seu capteniment «forallei» adduïnt com a justificació l’amor a la pàtria; es presenta com una màrtir política quan defineix les seves trobades amoroses amb els Pretendents, un «sacrifici» acomplert per raons d’estat. Durant una assemblea, a la què ha convocat nobles i poble, amplifica el seu rol amb la definició homèrica de «pastor del seu poble», mentre el seu ramat la venera i l’obeeix sense esperit crític. I aquest és el motor d’una rebel·lió popular liderada per Tersites, personatge de dual memòria, de qui Vàrnalis manté les peculiaritats somàtiques i la vis polèmica contra els caps de l’exèrcit aqueu. Amb el rol de guia, simbolitza en el Diari la consciència del poble, constitueix l’al·legoria de la lluita de classes del proletariat.

Quan Penèlope s’adona del sentit revolucionari de Tersites («El més gran enemic del poder d’Un de sol és la llum de molts»), decideix vendre Ítaca al millor postor entre els prínceps de les illes veïnes i del continent, per anar-se’n. Però ningú vol quedar-se un regne que es dirigeix cap a l’anarquia i, per tant, el seu propòsit fracassa: sembla la fi. Misteriós i captivador arriba de la mar un home, el Pseudo-Ulisses: vol ajudar-la a restablir l’ordre i a instaurar un règim encara més violent d’aquell que ella mateixa ha establert. Ancestre primigeni de tots els dictadors, porta amb ell dues mones, Llibertat i Igualtat, encadenades, i narra a Penèlope la seva sorprenent vida alterada, a partir d’una «metamorfosi» singular que l’ha transformat en un«superhome».

Una menció a part mereix la figura d’Homer: desdenyós poeta, de cap manera cec, arriba a Ítaca, però abans de presentar-se al palau reial de Penèlope prefereix embriagar-se a les tavernes del port82. Furiosa per la seva manca de respecte, la reina organitza una cita a dos: beuen junts el vi i Homer —portaveu de la poètica de Vàrnalis— exposa la seva teoria sobre la veritat històrica, en un diàleg amb Penèlope fora dels esquemes. Amb l’auxili de l’ebrietat ja no cantarà les gestes dels déus i dels herois, sinó la seva quotidianitat i les seves febleses, desvelarà les interioritats mai no dites de la guerra de Troia, la vera història. Les llegendes i els mites són difosos pels reis perquè s’els cregui la gent, són creacions instrumentalitzades pels poderosos per legitimar el propi poder, com la religió.

«Qui diu la veritat – diu Homer – no pot fer de cantor als palaus, de la mateixa manera que no pot fer de rei. Si per un moment despullés la guerra i els reis-heroi de llur bellesa i de l’Ideal, no quedaria res ». I encara: «Per trobar la Veritat has de capgirar el Poema, com els tripaires giren els budells dels corders per netejar-los. Així, la ferum de les tripes és la veritat».

Hi ha, doncs, en el Diari de Penèlope una ressemantització del Mite i dels personatges homèrics que prenen una forma dessacralitzada, deixant de banda les funcions clàssiques, per a ésser recontextualitzats en el present. Instrument d’aquest capgirament és l’anacronisme: les al·lusions a la religió ortodoxa amb la presència d’una Església Mare, l’aigua beneita, un formulari litúrgic modern, imatges neotestamentàries, com Circe que eixuga els peus del Pseudo-Ulisses, en una blasfema revisitació de la Magdalena (personatge estimat per Vàrnalis), el despertador sobre la tauleta de nit de Penèlope, la presència del popa, els noms geogràfics com Prússia, Albània i Rumèlia. El passat i el present són relligats amb l’insòlit, el forçament, per crear un pendant entre antic i modern, funcional per al nou rol semàntic del Mite. Palamàs, el 1932, havia acollit així la publicació d’una altra obra cardinal de la producció varnaliana, La veritable apologia de Sócrates «Ah, la burla… I la teva Musa. L’al·lusió i l’anacronisme. Resulten contemporanis. Dos serfs sotmesos a l’artista creen un dimoni revolucionari ».

Malgrat que, amb el Diari de Penèlope, ha desenvolupat en sentit contrari un mite consagrat per la tradició, Vàrnalis no oblida que la vida espiritual, la llengua, els mites, els usos i costums, la història —tots ells elements sobre els quals es fonamenta la cultura de l’home— són decisius per a la definició de la identitat nacional d’un poble respecte a un altre. Al costat de la internacionalitat de la lluita de classes representada pel personatge de Tersites, hi ha la vida espiritual del poble grec, les seves lluites per la llibertat i la conquesta d’una nació que parli una sola llengua, la del poble. La saviesa que traspua de les paraules del Diari és el resultat de l’acreditada formació històrica, filosòfica i sociopolítica de Vàrnalis, i és significatiu que parlin en la més pura dimotikí, en un argot ric d’expressions i dites populars. El recurs a aquesta peculiar síntesi lingüística contribueix a la ressemantització del Mite, és a dir, a la necessitat de fer parlar personatges viscuts en la civilització aquea amb un llenguatge que els desarreli de l’Ideal i els condueixi inexorablement a la realitat grega del nou-cents. Els diàlegs del Diari són rics en folklore i color, elements provinents del cant popular i de les tradicions familiars. En ells hi és present un constant acarament entre imatges extretes textualment dels poemes homèrics i els nous relats d’Ítaca narrats per Penèlote, reina antiga amb la consciència d’una dona d’avui.

.

(traducció del Postfaci de Daniela Cappadonia
a la seva traduccio italiana del Diari de Penèlope)

 

82 La descripció d’Homer en companyia dels homes del poble és fruit d’una experiència autobiogràfica de Vàrnalis, una estada a l’illa d’Egina, amb la freqüentació de les tavernes que li permeté distingir tres categories de bevedors. Una d’aquestes el colpí profundament: «els autèntics poetes del got». Diu a les Memòries: «No fan enrenou, no canten, no parlen, només somriuen. Seuen invencibles, com membres del senat, a l’angle més fosc de la taverna i mengen poc, perquè només així copsen el perfum del vi…».

.

.

.

Kostas Vàrnalis

Kostas Vàrnalis (Burgàs, Bulgària, 1884 – Atenes, Grècia, 1974)

.

.

.

.

Capitolo V

.

Divide et impera

.

Il freddo è diventato insopportabile. Pioggia per quaranta giorni e quaranta notti. E adesso soffia la tramontana. Le onde, come montagne, si infrangono sotto il molo e fanno schizzare la schiuma fino alle mie finestre, appiccicando le alghe ai vetri.

Terzo anno. Odisseo non è ritornato. Diceva che sarebbe sta­to qui all’inizio dell’autunno, con il vino novello. Sono inquieta.

Nel palazzo sono entrati ordine e razionalità. Ma fuori? Mi dicono che il popolo ha fame. È popolo, ha sempre fame… ma ora c’è anche la guerra e i principi del sangue e del denaro han­no trovato l’occasione per sollevare la testa, cercando di addos­sarmi ogni colpa.

“Alla sua partenza Odisseo ha preso – dicono – la maggior parte degli uomini e del bestiame, e poi tutte le navi, così non possiamo importare nulla da fuori. Il libeccio ha bruciato il rac­colto di quest’anno, Penelope pensa soltanto al suo tornaconto. Non è forse straniera? Quella risparmia per tagliare la corda. I nostri secolari nemici — Corfioti, Rumelioti, Moratti29 — un bel giorno metteranno piede sulle nostre isole per distruggere tut­to e ridurci in schiavitù”. So cosa vogliono, ma riuscirò a preve­nire il male, sebbene non possieda l’esperienza e l’astuzia mal­vagia di Odisseo.

Ho chiamato in consiglio il parroco, l’indovino Aliterse30, il mio segretario Itifrone (che è pure un prete), Dolio e Mirtò. Anche il vecchio Laerte, pro forma: gli chiedi una cosa e te ne risponde un’altra, ha un piede nella fossa. Che può consigliar­mi dall’altro mondo? Ma va bene lo stesso.

Giornata piena di sole, quasi estiva. Da ieri ho iniziato ad in­viare per tutta l’isola gli araldi, con le loro gole vigorose e i lun­ghi bastoni culminanti in due serpenti intagliati. E convocata per stamattina un’assemblea nel cortile del palazzo: gli Achei dai lunghi capelli31, popolo e principi. Non appena la figlia del­la Notte, l’alba dorata, ebbe scostato con le sue dita di rosa le tende di raso dei cieli, una gran folla cominciò a raccogliersi lungo le strade principali e secondarie. Molti stavano in piedi, alcuni sedevano su appoggi di pietra o sassi qualunque.

Avevo fatto circondare i quattro lati della piazza dai soldati e tra la folla avevo disseminato diverse spie. La gente si chiedeva perché e come, dopo tanti anni di oblio da parte di Odisseo, proprio sua moglie si fosse ricordata di loro, da renderli addi­rittura partecipi di un’assemblea. Un evento straordinario. (Il popolo in questa occasione aveva preso coscienza di avere il di­ritto di esprimere il proprio parere sulle questioni importanti ma Odisseo, prima di partire per la guerra, se n’era infischiato).

Alcuni discutevano delle loro faccende, altri degli acciacchi, altri ancora della miseria. Molti non nascondevano di essere ve­nuti per divertirsi, per vedere come se la sarebbe cavata una donnetta così piccola di fronte alla folla e come avrebbe inter­pretato la parte del grande uomo! Soltanto i principi non par­lavano, perché erano convinti di dover regolare, una volta per tutte, i conti in sospeso con la regina. I miei galoppini andava­no in giro raccogliendo con le loro orecchie questi umori e me li riferivano, sebbene avessi già consapevolezza della situazione.

Il mio piano era uno solo: dividere i principi dal popolo, metterli l’uno contro l’altro. In seguito il piano si sarebbe evo­luto da sé: i principi di fronte ad una sommossa popolare si sa­rebbero alleati con me.

Quando le bùccine e le trombe diedero il segnale, si apriro­no le porte di bronzo, cigolando sui cardini massicci: io mi pre­sentai con i littori, i soldati e i miei consiglieri, e quel mare rumoreggiante tacque di colpo. Quanti erano seduti balzarono in piedi, quelli ritti si misero sulle punte per vedermi meglio. Sa­pete chi mi aveva vestito e truccato per l’occasione? Le tre sa­cerdotesse che hanno il compito di adornare la statua lignea di Afrodite.

Certo io ero più bella e soprattutto non di legno! Un chito­ne corto, color del mare; corazza, lancia, spada ed elmo, tutto d’oro e d’argento. Sotto l’elmo indossavo il velo di Leucotea32. Risplendevo come il mare di notte sopra il quale scorre — fiume di fuoco— la luna piena. Tutti mi guardavano a bocca aperta e con gli occhi sgomenti, pietrificati. Sembrava che avessi appesa al petto la Gorgone di Atena, la testa di Medusa con i serpenti. Quando sollevai il piede destro per varcare la soglia, battendo a terra la lancia, il popolo si tirò indietro e mi fece spazio, come ipnotizzato.

Arrivai al mio trono eburneo e mi fermai. Avanzarono due ancelle, tenendo Telemaco per mano e Argo con una catena. Misi a sedere Laerte alla mia destra, su un seggio più basso, e Telemaco alla mia sinistra, sopra uno scudo d’oro, Argo steso davanti a me. Mi guardavo le unghie dei piedi smaltate con la china perché le notassero anche gli altri.

Quando fui seduta, gli uomini addetti alle acclamazioni gri­darono con tutto il fiato che avevano in gola: — Lunga vita alla nostra regina!

Il popolo ripetè la frase e la fece girare tre volte, come un temporale che batte su tre montagne.

I principi tacevano e sgomitavano. Avevano perso la testa. Non si aspettavano tanta magnificenza e audacia da una don­nicciola così.

Spalancai le braccia affusolate, nude fino alle ascelle, e feci loro segno di calmarsi. Anche senza questo gesto si sarebbero  ricomposti, per l’ansia di ascoltare la mia voce e il mio pensie­ro per la prima volta.

— Nobili signori dal sangue blu e di antenati divini, fuori ve­stiti d’oro e dentro pieni di cuore: colonne purpuree che sor­reggete il trono e da questo siete sorretti! E tu, Popolo scuro, bruciato dal sole e dalla neve, con le mani callose e l’ampio pet­to: contadini e giardinieri, muratori e falegnami, marinai e pa­stori, calzolai e fabbri. Tu, Popolo della fatica e dell’obbedien­za: senza re e principi non esisteresti. Eppure senza di Te, re e principi non potrebbero rendere gradevole la loro vita con pa­lazzi, amori, carri, lusso; non potrebbero creare leggi che man­tengano l’ordine e l’intera umanità, fare guerre che portino glo­ria alla patria e servire lo spirito: Filosofia e Poesia!

Signori e Popolo! Vi ho chiamato per conoscervi e perché voi mi conosciate. Da vicino. Io sono il vostro Pastore, voi, il mio Gregge! Sì, perché Odisseo, prima di partire, ha consegna­to a me (e mi battei la mano sul petto aureo) lo scettro del po­tere. Qui sono le sacre personalità dei preti, degli indovini, dei miei segretari che ve lo testimoniano. Io governo, i nobili mi aiutano e il Popolo obbedisce.

Lo scettro del Potere è anche lo scettro della Giustizia. E il giudizio del re è giudizio di Zeus. Non tollera replica. Difende­rò l’onesto con tutta la mia bontà e punirò il cattivo con tutta la mia malvagità. So che il raccolto è andato perso e la povera gen­te è afflitta. Si sono verificati anche incidenti sgradevoli. Han­no distrutto alcune botteghe e depredato gli orti. Ciò non acca­drà più!

Il Popolo se la prende con i nobili che hanno i magazzini pie­ni, i nobili se la prendono col regno: con la guerra di Odisseo e col debole governo di una donna. Basta con questi discorsi! Ci preoccuperemo insieme — regina, nobili e popolo — di salvare la patria. Dono al popolo i campi reali a nord dell’isola. E già in­verno e si possono coltivare, arare e seminare. A giugno si mie­terà e si spulerà il grano. E voi, principi, dovrete dare metà del vostro grano al popolo. Non in dono. Glielo presterete e vi ri­pagherà l’anno prossimo, o con denaro o con lavoro o con giornate retribuite. Chi non potrà o non vorrà farlo diventerà vostro schiavo, concordemente con le leggi degli dei e degli uomini.

Però tutti potranno e vorranno, perché il prossimo anno tor­nerà Odisseo e porterà un bottino così grande che vivranno fe­lici, non una o due generazioni, ma dodici. E renderà la picco­la Itaca… una grande Itaca!

Ditelo al mio popolo, voi principi, che i Moraiti e i Corfioti hanno intenzione di attaccare le nostre isole… I giovani valoro­si non aspettano che arrivi il male: lo prevengono. Anche se Odisseo ritornerà in autunno, non dobbiamo rimanere con le mani legate. Ci sono tre potenti navi a Itaca: quella di Eurìmaco33, quella di Antìnoo (che è assente) e quella di Leòcrito. I si­gnori, dunque, le armino e i capitani si imbarchino e piombino all’improvviso nell’Elide per saccheggiare raccolti, bestiame e uomini: così impone la Natura, che il più forte e il più intelli­gente viva a carico dei deboli e dei dormienti. Poi, quando sa­ranno tornati indietro, forti ed onorati, con la benedizione de­gli dei (noi qui invece pregheremo!), terranno per se stessi la parte migliore e venderanno al popolo, a buon mercato, quella in esubero.

Ed ora do la parola al saggio e venerabile anziano Aliterse, l’eroe indovino che parla con gli dei e interpreta il canto degli uccelli, il fruscio delle foglie, il gorgoglio delle acque e il rim­bombare dei tuoni.

Allora avanzò davanti a me, con la barba e i capelli argentei, il lungo chitone bianco e il bastone d’ulivo nelle mani ossute, Aliterse. Ad occhi chiusi, guardando solamente dentro di sé, cominciò a parlare con voce sommessa, una parola dietro l’al­tra, come se leggesse frasi scritte su una tavoletta dietro la sua fronte (come se gliele avessi scritte io).

– Uomini di Itaca, di Cefalonia, di Leucade, di Rumelia e Zacinto, popolo eletto, tre volte amato dalla Sorte e dalla Fama; dalla Fama perché avete come re Odisseo, dalla Sorte perché avete come regina Penelope! Ascoltatemi bene e prestate atten­zione. L’altro ieri, mentre facevo un sacrificio sull’altare di Apollo, al Filiatro34, nell’attimo in cui stavo per affondare il col­tello nella gola della vittima, è avvenuto il prodigio: un’aquila d’oro si è avventata sopra di me e ha cominciato a disegnare in­torno alla mia testa dei cerchi, via via più bassi e più stretti, in­vitandomi a seguirla con i suoi acuti.

Lasciai la vittima agonizzante e corsi dietro l’aquila, lei da­vanti ed io dietro. Scendemmo fino alla spiaggia e lì la persi di vista. Abbagliato dal sole, guardavo in alto nel cielo per tentare di scorgerla, quando una voce soave venne fuori dal mare: «Qui!». Mi voltai e la vidi: una sirena, proprio davanti a me. I suoi seni, fuori dall’acqua, brillavano come due mele cotogne di bronzo. La sua bellezza mi stordì.

— Saggio Aliterse, indovino degli indovini, ti parla la ninfa Leucotea, figlia di Cadmo, la Salvatrice e la Biscia d’acqua35! Sappi che Odisseo e le sue navi, e gli altri condottieri di Grecia, sono giunti a Troia da valorosi e hanno preso la roccaforte can­tando. L’hanno conquistata con il valore e la saggezza di Odis­seo. La città è stata saccheggiata in lungo e in largo, a ferro e fuoco. I bottini sono come montagne, e mandrie, invece, gli schiavi, i popolani e i figli del re. I primi degli Achei e i coman­danti in seconda non sanno più dove mettere e come trasporta­re fin qui queste montagne e queste mandrie. Le navi sono sta­te riempite fino all’orlo, coperte e stive. In questo momento stanno progettando nuove imbarcazioni, tipo chiatte. Per que­sto tardano a ritornare. Odisseo ha ora quaranta navi delle ven­tiquattro che possedeva, e ancora non gli bastano. I mesi passa­no presto: in estate, quando il mare sarà liscio, tutti saranno già ritornati in patria. E il grande capo, Odisseo, ricompenserà lau­tamente i sudditi fedeli – principi e popolo – e punirà duramen­te gli infedeli – popolo e principi. Ecco, riferisci queste notizie alla regina, sua degna consorte e sorella mia, figlia delle Nereidi. Prendi questo velo e dallo a Penelope: quando lo indosserà, penserà come un dio!

Allora mi tolsi l’elmo e mostrai il velo di Leucotea. I soldati e la maggior parte del popolo, con voci allegre, cominciarono a fare il finimondo. Solo quando ritornò il silenzio, l’indovino proseguì.

— Poi terra e mare affondarono in una quiete musicale e la Ninfa dall’aspetto divino si dileguò. Al suo posto non rimase nulla, tranne un alone luminoso, simile ad olio versato. Quan­do ritornai all’altare, pensieroso, trovai la vittima viva che bela­va e saltellava.

Così disse e si ritirò alle mie spalle. Per parecchio tempo nes­suno parlò. Il popolo, ingenuo, credette al miracolo, ma ai prin­cipi non riuscì gradito, anzi il più sfrontato e mascalzone di tut­ti, Eurìmaco, il figlio di Pòlibo, prese la parola.

— Indovino malvagio e imbroglione, faresti meglio a ritorna­re a casa tua e chiuderti; anzi, conta i tuoi figli, se ne manca qualcuno, invece di venire qui a cianciare parole che altri ti han­no suggerito. Noi non siamo venuti qui per apprendere qualco­sa di nuovo, né dalla regina né da te, perché conosciamo l’uni­ca e sola verità, cioè che Odisseo non ritornerà, così come non è ritornato nessun altro: questo è il terzo anno! Sono andati ad inseguire l’onore di una svergognata! Il Nulla! Noi invece, as­sennati, non abbiamo lasciato la terra che ci ha generato, pur di salvare quel poco che ci è rimasto, mentre gli altri stanno per­dendo ogni cosa. E ora tocca a noi il grande onere di preoccu­parci per la patria. Non può comandarci una donna, “capelli lunghi e cervello piccolo”36, soprattutto così giovane. Ah, come ci siamo ridotti: all’anarchia. Guardatela la nostra graziosa si­gnora! Come si è agghindata e truccata: una teatrante! Per le donne è più importante esser considerate belle piuttosto che giudiziose. Dal momento che Odisseo è morto non bisogna che vada in rovina anche il regno. Senza dubbio è molto bella, però i regni non si governano con il rossetto ma con la frusta. Sei generosa con le proprietà degli altri. Anziché regalare terreni incolti, pieni di sassi e lecci, faresti meglio ad aprire i tuoi ma­gazzini e le tue stalle, a dividere agli affamati tutte le provviste che ci ha rubato ogni anno il tuo diletto sposo e che tu hai mes­so da parte: ed ora ci stai seduta sopra a covarle. Hai dodici ma­gazzini pieni di grano e altrettante celle piene d’olio. Possiedi dodici mandrie di vacche, ognuna di cinquanta capi, dodici greggi di capre e pecore, ciascuno di duecento capi, lo stesso numero di maiali (solo le madri, a parte i maschi), ed ogni bran­co contiene cinquanta femmine con dieci piccoli a testa37. Cosa ne farai? Dalli ai poveri, dal momento che affermi che Odisseo te ne porterà mille volte tanto! Anzi ti avvertiamo: chiunque si arrischi a mettere le mani sui possedimenti dei nostri antenati, lo sistemeremo per bene. Sì, figlia di Icaro e della Nereide Peribea38, nipote del re di Sparta, Tìndaro, e cugina dell’infedele Ele­na… Non dimenticare che sei straniera in terra straniera. E se ti trovi ancora ad Itaca, lo devi a noi, ai principi, e non al popolo!

Me le aspettavo queste parole, per questo non mi stupii. Sor­ridendo, molto tranquillamente, gli risposi: — Maleducato figlio di Pòlibo! Davvero un peccato che da piccolo il grande Odis­seo ti facesse saltellare sulle sue ginocchia. Dovresti avere più amor proprio e lingua più corta. L’amor proprio non posso dar­telo (quello avresti dovuto possederlo da te!), ma la lingua pos­so fartela tagliare. Il popolo è con me!

In quel momento, mentre la folla si accalcava, venne fuori, davanti a noi, un poveraccio da far pena, Melanzio39, il figlio di Dolio, un galoppino.

– Sono pescatore, con rispetto parlando, e figlio di pescato­re, contadino e bracciante, di padre in figlio… Lettere non ne conosco, neppure l’alfabeto… Quasi quasi ho dimenticato come si parla. Da anni vivo solo sugli scogli, senza vedere uomini. Non parlo con nessuno, tranne che con la mia barca, la scure, le reti, i polpi e con me stesso. Quello che so non me lo ha in­segnato nessuno! Dio e la Natura. Quindi non sono bugie ed errori. Leggi secolari e secolari verità… So che Itaca l’hanno creata gli dei e poi l’hanno affidata ai nostri re. Sono questioni che non riguardano noi… Io posso indossare degli stracci, ecco, sono anch’io uno straccione, ma so che, fin quando esisteranno i nostri re voluti dagli dei, esisterà Itaca e ci sarò anch’io. Io, il popolo! Per questo motivo (e vi parlano gli Dei e la Natura), non lasceremo che alcuno sfiori la sacra persona della nostra re­gina. Ricordatevi ciò che vi dico…

I signori si mossero per bastonarlo. Ma già lo avevano cir­condato i soldati che si erano messi a urlare e facevano un gran chiasso.

— Dice bene!

E con loro il popolo urlava: — Anche noi la pensiamo allo stesso modo!

Può darsi che il loro alito puzzi, che coli pus dalle loro pia­ghe, che i pidocchi se ne vadano a spasso per i loro colletti. Ma dentro sono puliti, casti e onesti!…

— Lunga vita a te, nostra Signora e Madre! Se hai bisogno di noi, siamo qui. Mettici il piede sul collo e tagliaci la gola per farci diven­tare santi. Così ci piace. Lo senti bellimbusto di un Eurìmaco?

La faccenda andava per il meglio. Ma qualcun altro, non in­vitato, ci guastò la “festa”. Un uomo basso, calvo, scuro. E stor­pio40. Pensavo che avrebbe preso le mie parti, mentre i nobili avrebbero difeso il loro tornaconto. Ma ecco che cosa ci disse quel mostro: — Vi abbiamo ascoltato, regina e principi, e tutti avete parlato per il vostro interesse. Ma questo qui (e indicò Melanzio), come mai ha parlato per conto del popolo, dal mo­mento che ha venduto cara la sua pellaccia? Lo conosco, non è un pescatore. E una spia. Di recente mi ha bastonato e torturato nelle prigioni della Regina! Proprio lui mi ha rotto una spal­la e da allora zoppico. Si chiama Melanzio ed è figlio di Dolio, il consigliere della regina. Dunque è un galoppino. Uomini co­sì oggi lavorano per chi è forte e domani per quello ancora più forte, per chi li paga di più.

Tradirà anche te, Signora del Popolo, allo stesso modo in cui oggi tradisce il popolo. Ed anche nel caso in cui ritorni Odis­seo, questo qui gli pianterà il coltello dietro le spalle, perché per quel tempo lo avranno comprato i nobili “Eurìmachi”.

I principi risero rumorosamente.

— Piantatela anche voi! — gridò lo zoppo, rosso in viso.

— Cane bianco, cane nero, tutti cani siete. A causa vostra e del re, ci ammazziamo di lavoro e non mangiamo; ci ammalia­mo per farvi ingrassare; andiamo a morire nelle guerre: i botti­ni a voi, la tomba del milite ignoto a noi! Non ci date il dovu­to, non ci pagate: se siamo noi in debito con voi ci prendete co­me schiavi. Ci succhiate il sangue dalle vene per riempirci di dei e idee! Buio nell’anima, nello spirito… e nell’azione. Tutti i ca­richi ce li prendiamo noi sulle spalle, mentre voi alzate soltanto il bicchiere, distesi sui cuscini. Ve la spassate con le vostre don­ne noiose, con le nostre ignoranti e con altre che i sacerdoti di Afrodite vi portano da terre straniere.

Tutto quello che lo sguardo e il pensiero abbracciano è no­stro: campi, giardini, navi, palazzi e templi. Noi li abbiamo fatti e noi dobbiamo prenderli: noi derubati da chi ce li ha sottratti!

I primi signori delle nostre isole, i Teleboi41, erano dei ladri. Essi furono cacciati da un ladro ben peggiore, il figlio di Cefalo e dell’Orsa, Archesio, padre di Laerte, che fondò la dinastia dei Laerziadi. Il nonno materno di Odisseo, Autòlico42, aveva appre­so l’arte della ruberia da suo padre Ermes, il capostipite dei ladri. E superò sia il suo divino maestro sia Sisifo, re di Corinto, che oc­cupava la strettoia derubando e uccidendo i passanti. Tutto quello che Autòlico toccava con le mani scompariva (questo neanche Ermes riusciva a farlo!). Il fatto che non vogliamo signori ladri, è un discorso. Che invece vi scuoieremo con le nostre mani, ecco, questo dovete temerlo. La patria l’abbiamo fatta noi e noi diven­teremo anche i suoi padroni. Cerchiamo di prendere da soli i no­stri diritti e la nostra libertà: questo è il vero potere.

Non accettiamo che ci diate in elemosina un po’ di terreno incolto e di grano. Ci prenderemo tutta la terra e tutto il grano. Allora vi daremo la vostra parte, uguale alla nostra, basta che anche voi lavoriate come noi. Per quel tempo la nostra terra si riempirà di tante meraviglie che non ci serviranno più né l’Olimpo né la vita futura né Femio…

Scoppiò un gran tumulto. Le guardie e i signori si precipita­rono a bastonare l’ateo. Anche il popolo! Il popolo ingenuo.

Ordinai che le trombe intimassero il silenzio.

— Chi è questo pazzo?

— Si chiama Tersite – mi sibilò all’orecchio Dolio – non è di Chissà da dove discende. Lo sbattono sempre in prigione ma non mette la testa a posto.

— Rimettetecelo e dategli duecento frustate per me e altret­tante per il popolo.

Le guardie che lo avevano preso cominciarono a bastonarlo sul posto. Non lo impedii. Non bisogna tarpare le ali al buon pastorello che taglieggia il viandante insospettabile né alla guar­dia fedele che bastona il cittadino malvagio. Escono fuori raz­za! E perdono la voglia di scannare e di picchiare.

Ma Tersite più ne prendeva e più urlava.

— Fategli una denuncia per turbamento dell’ordine. Un’altra per oltraggio alla mia sacra persona, un’altra ancora per sobil­lazione alla rivolta e per resistenza all’autorità. Un’altra per col­laborazione col nemico, un’altra per offesa alla religione. Un’al­tra… chiedete ai cadì43, ve ne troveranno mille. Così rimarrà dentro per tutta la vita. E se ancora sopravvive, allora gettatelo su un’isola deserta, perché diventi re tra le pietre e le lucertole, dal momento che chiede proprio questo. Che non gli venga in mente di evadere. In tal caso prenderete sua madre, suo padre, suo figlio e tutto ciò che possiede. E se non ha nulla, afferrere­te il primo vicino a caso. La dea Giustizia vuole la sua vittima non chiede una persona specifica!

La campana della Chiesa Madre batté mezzogiorno. Il tem­po passò e lo “spettacolo” non era ancora finito. Voltandomi verso Eurìmaco, continuai il mio discorso.

— Figlio di Pòlibo, se tu avessi avuto amor proprio, saresti an­dato a combattere con il tuo re e con gli altri giovani valorosi per l’onore della Grecia. Tutti gli uomini validi, che potevano tirar di spada e di lancia, sono partiti. Soltanto vecchi, donne, bambini e infermi sono rimasti e i popolani, che servivano per lavorare i nostri campi e gli orti, aver cura delle greggi, spacca­re la legna e cuocere mattoni d’argilla. Anche tu sei forte, bello e giovane. Eppure al sangue hai preferito cuscini pieni di piu­me. Il grano lo darai. Io lo ordino. Sai bene che tutta la terra, tutto quello che sta sopra e sotto di essa, cose e uomini, appar­tengono al re. Per tutto ciò che tu darai, darai del mio. Avrei po­tuto prenderti ogni bene, per sempre, con la forza. Ma, al mat­tino, manderò il mio corpo di guardia a proteggerti, affinché i tuoi averi non li prendano i “Tersiti”.

E tu, popolo mio, non andar via. Avete fatto tanta strada per venire e ne dovrete fare ancora per ritornare. Devo trattarvi be­ne. Nel cortile del palazzo, garzoni e schiavi stanno arrostendo dieci vitelli e venti maiali allo spiedo. Entrate dentro. Le mie ancelle e le schiave vi verseranno da bere fin quando non dire­te «basta!». Anche quando ritornerà il vostro re, ogni tanto fa­remo festa…

Riguardo a te, invece, figlio di Pòlibo, e agli altri principi, che hanno trovato l’occasione per dividere il regno e diventare ciascuno padrone assoluto nella sua proprietà, dico chiaro e tondo: nel palazzo ho un esercito tre volte più numeroso di quello di Odisseo. Per questo motivo non distribuisco il mio grano: mi serve per sfamare i soldati. Per proteggere il popolo e voi. Avete visto cosa ha detto poco prima quel pazzo di Tersite? Se queste stesse cose ve le diranno in futuro mille “Tersiti” assennati, saremo rovinati, voi ed io.

E ciò che vi dico non esce dalla bocca di una donna — sia pu­re di stirpe divina e regina. Lo dice questo: il velo della sirena Leucotea!

Me lo strappai dal capo e lo lanciai in aria. Nello stesso istan­te si udirono delle voci e un correre qua e là per il cortile. Gar­zoni e schiavi uscirono fuori urlando.

— Arriva! Tiratevi indietro…

— Chi arriva? – chiesi.

—Odisseo!

Sembrava che nella piazza fosse scoppiato un incendio. Tut­ti correvano: il popolo per vedere e i principi per scappare.

Era Odisseo il cinghiale: aveva rotto la gabbia e si era messo a trottare infuriato. Ed eccolo, venne fuori dalla grande Porta, potente e immortale come un dio…

Ridemmo a lungo.

.

Κώστας Βάρναλης (Kostas Vàrnalis)
Το ημερολόγιο της Πηνελόπης (Il diario de Penelope)
Traducció a l’italià de Daniela Cappadonia

.

.
29 Sono gli abitanti di Corfù, della Rumelia (attuale Bulgaria) e della Morea, nome con cui i Veneziani indicavano il Peloponneso.
30 Indovino di Itaca (cfr. Odissea, II, 157-159)
31 Epiteto omerico: cfr. Iliade, II, 51, 65.
32 È il nuovo nome assunto da Ino, figlia di Cadmo, dopo essere stata trasforma­ta in dea marina. Nel Diario si fa riferimento all’episodio del velo, narrato in Odis­sea, V, 333-353.
33 Nomi di alcuni dei Proci.
34 Località marina di Itaca.
35 Epiteti di Leucotea.
36 È un detto popolare, riferito ad una società di tipo patriarcale che Penelope si prefigge di sovvertire.
37 Riprende quasi alla lettera Odissea, XIV, 5-20.
38 Nel testo in greco Peribea, la madre di Penelope, è definita una Nereide, ma in realtà era una Naiade, ossia una ninfa che abitava una fonte o un corso d’acqua.
39 Cfr. Odissea, XVII, 212.
40 Il personaggio di Tersite, voce simbolica del popolo, è ripreso alla lettera da Iliade, II, 212-277.
41 Antica popolazione dell’Acarnania.
42 Autòlico era padre di Anticlea e nonno di Odisseo, abile nella finzione e nel­
lo spergiuro, come in Odissea, XIX, 394-398.
43 Altro anacronismo: magistrato musulmano che amministrava in epoca classi­ca la giustizia. Anacronismo anche la “Chiesa Madre”.

.

.

.

.

Diario di Penelope - Kostas VàrnalisKostas Vàrnalis
Il diario di Penelope
Cronaca (1193 a.C – ?)
Traduzzione di Daniela Cappadonia

Collana Nostos, 3
Edizioni La Zisa. Palermo, 2014
ISBN: 9788899113049

.

.

.

 

 

Xavier Antich ens parla de Tersites

.

.

.

Xavier Antich - La voluntat de comprendre«NO ÉS BO QUE UNA MULTITUD GOVERNI»?

.

Hi ha coses per a les quals no passa el temps. Una de les més incomprensibles és la impugnació de la veu i les idees d’algú a causa del seu aspecte físic. Fins i tot analistes amb fama d’equànimes han llançat dards de verí contra samarretes, ser­rells o rastes, i també contra els que no porten corbata, decla­racions que haurien de fer avergonyir, en una democràcia madura, a qui les sosté. No tindria més valor que un exa­brupte impossible de considerar des d’una perspectiva racio­nal si no fos perquè, així, es pretén desautoritzar i privar de legitimitat les veus i idees que, amb aquest aspecte, s’expres­sen. Per això no és una qüestió d’estil o, com es diu avui, de tendències. És una qüestió política, com gairebé tot, encara que aquest recel, més propi de l’aversió de l’oligarquia que considera el poder com la seva finca, no és del tot nou.

En la cèlebre assemblea dels aqueus, en el llibre segon de la Ilíada, Ulisses intenta convèncer les tropes d’Agamèmnon de continuar l’assalt a la ciutat de Troia. Quan Ulisses parla amb prínceps i oficials, els adreça «amables paraules» per provar de convèncer-los, però quan s’enfronta als homes del poble «els colpeja amb el ceptre i els increpa de paraula». És en aquest context quan Ulisses pronuncia les conegudes pa­raules amb què la democràcia és atacada en la seva essència per primer cop en la literatura occidental: «No és bo que una multitud governi». Revoltat contra aquesta posició, Tersites, soldat sense distincions ni grau, pren la paraula. L’episodi és excepcional, perquè és el primer cop i l’últim, en Homer, que un soldat ras dóna la seva opinió i expressa els punts de vista dels soldats de la tropa. Com va assenyalar I. F. Stone en un llibre polèmic,21 «és el debut de l’home comú en la història escrita, el primer exercici de llibertat d’expressió d’un home comú enfront d’un rei».

I és Tersites, precisament, a qui Robert Graves, vint-i-cinc segles després, encara considera «el grec més lleig que hi havia a Troia». I és que Homer mostra, descrivint Tersites, un inclement prejudici de classe: no hi ha cap altre personatge a la Ilíada que hagi estat tan repulsivament descrit com Tersi­tes: és camacurt i coix, les seves espatlles es corben cap al pit, té el cap punxegut i poblat només per una pelussa. La des­cripció del físic prepara la desqualificació de les paraules, ja que, com suggereix el poema, Tersites és tan desagradable a la vista com a l’oïda: no parla amb gràcia ni ordre, és odiós i indigne, i les seves paraules són «insolents» i «indisciplinades». La resposta d’Ulisses a Tersites és brutal: davant de tota l’assemblea el colpeja fins a fer-li sang, humiliant-lo, i l’ame­naça de fer-lo despullar davant de tothom i d’expulsar-lo. La paraula de Tersites és eliminada per la força. I, com que Ter­sites és com és, l’antítesi de l’ideal canònic de bellesa grega, ningú gosa ni aixecar la veu en defensa seva.

Quan el filòsof Jacques Rancière, en El desacord, recorda els orígens de la democràcia a Grècia, assenyala que es funda­va en un repartiment desigual de la paraula: mentre que alguns (els ciutadans lliures) podien parlar i la seva veu era tin­guda en compte, altres (poble comú, esclaus o dones) eren condemnats al silenci i la seva veu, reduïda a simple soroll. Tanmateix, l’aprofundiment democràtic, en els sistemes par­lamentaris moderns, consisteix precisament a impugnar aquest repartiment desigual de la paraula, ja que ningú no pot ser privat de parlar, de dir el que pensa i que la seva paraula sigui tinguda en compte. [24/01/2016]

.

21. The Trial of Socrates. Nova York: Little Brown, 1988; El juicio de Sócrates. Madrid: Mondadori, 1988, trad. M. Teresa Fernàndez de Castro.

.

Xavier Antich (la Seu d’Urgell, 1962)

.

Xavier Antich
La voluntat de comprendre
Filosofia en minúscula

.

.

.

.

.

.

Xavier Antich - La voluntat de comprendreXavier Antich

La voluntat de comprendre
Filosofia en minúscula

Arcàdia. Barcelona, juny del 2016
ISBN: 9788494468056

.

.

.

 

Les «Palabras de Tersites» de Guillermo Carnero

.

.

.

PALABRAS DE TERSITES

.
Esa carcaza ocre es Helena, la gracia de la nuca
aureolada de cabellos traslúcidos.
Los que la amaron son inmortales ahí, en la tierra inverniza,
o bien envejecieron con una pierna rota
dislocada para mendigar unos vasos de vino—
y yo, el giboso, el patizambo, me acuerdo algunas veces
de la altivez biliosa de los jefes aqueos
considerando la pertinencia del combate,
inspiración segura de algún poema heroico
cantor de esta campaña y su cuerpo de diosa:
polvo para quien no la amó, sus versos humo.
.
Es la decrepitud lo que enciende esta guerra.

.

Guillermo Carnero
Variaciones y figuras sobre un tema de La Bruyère (1974)

.

.

.

VARIACIONES Y FIGURAS SOBRE UN TEMA DE LA BRUYÈRE

1  “Discurso del Método”
2  “Giovanni Battista Piranesi”
3  “Paestum”

…. Variaciones
4  Variación I. “Domus Aurea”
5  Variación II. “Queluz”
6  Variación III. “Sotheby’s”
7  Variación IV. “Dad limosna a Belisario”

…. Figuras
8  “Décimo Magno Ausonio, poeta de la decadencia latina”
9  “Palabras de Tersites”
10  “Puisque réalisme il y a”
11  “Santa María della Salute”
12  “Mira el breve minuto de la rosa”

….Epílogo
13  “L’Enigme de l’heure”

.

.

.

VIII. 4.4. FIGURAS. POEMAS ANALÍTICOS

Como hemos señalado anteriormente, la “figura” se va a erigir en una aclaración de la variación y, como tal, la descripción, la minuciosidad y curiosamente la brevedad acabarán convirtiéndose en elementos clave de los cinco poemas agrupados bajo este epígrafe: “Décimo Magno Ausonio, poeta de la decadencia latina”, “Palabras de Tersites”, “Puisque réalisme il y a”, “Santa María della Salute” y “Mira el breve minuto de la rosa”.

El uso del correlato objetivo se hace evidente en el primer poema de “Figuras”, donde el poeta Ausonio se convertián en la voz y el emblema de un momento histórico, la postmodernidad, paralelo al ocaso de la cultura latina. El poema parece poetizar sobre la misma conciencia de la nada. Las palabras de Carnero respecto a este texto vertidas en la entrevista realizada por Jover son definitivas. El poeta equipara los dos momentos históricos: ambos son entendidos como un “callejón sin salida”, como “una estación de fin de trayecto”. El diálogo con la tradición es patente en el poema, pero intensificado en esta ocasión por el halo de falsedad. Es tanta la certidumbre de dicha falacia que el poeta recoge citas inventadas para poner de relieve lo equívoco, la falsedad de la postmodernidad.

En idéntica tesitura se construye el correlato objetivo en torno a Tersites —el griego más feo de cuantos acudieran a la guerra de Troya, el pendenciero ruin y delator de Aquiles, el asesino de Pentesilea— en la segunda “figura” “Palabras de Tersites”, texto breve cuyo verso final sintetiza magistralmente la lucha interna del poeta con el poema y la plasmación del período de agotamiento que supone la postmodernidad: “Es la decrepitud lo que enciende esta guerra” (“Palabras de Tersites”, v. 12).

[…]

Marisa Torres Badia
Introducción a la obra poética de Guillermo Carnero (1967-2002)
De Dibujo de la Muerte a Espejo de Gran Niebla
Universitat de Lleida (Tesi doctoral)

.

.

.

.

 

Tersites, d’Espriu. L’albardà de la Ilíada

.

.

.

.

TERSITES

.
Quin delicte no té
cap dret a l’amnistia?
Quin dring ennoblirà
la coixa melodia?
.
Als caps de reis o grans,
cascavells d’albardans.
.
S’escalfen tots al sol,
imbècils o poetes
(és el mateix). I em dol
de fer-me amb un mussol
de sangonents urpetes.
.
.
Salvador Espriu
Intencions
Per a la bona gent

.

.

.

.

.

ALBARDÀ m.
|| 1. Bufó, home que amb son parlar o amb sos posats procura fer riure els altres; cast. albardán. Lo rey Felip de França veent que’ls albardans e juglars vestien robes de drap e de seda, e altres molt riques, votà e promès que jamés en tota la sua vida no daria vestedures sues a juglars ne albardans; car mes amaua honrar de les dites vestedures les sgleyes per fer sacrifici a Deu, que no als albardans e jutglars per fer sacrifici als demonis, Eximplis, i, 282. Un folch de Masella.., essent excel·lent albardà y donat a les vanitats humanes, Cordial 46 v.o El vent, albardà foll, | xiscla i s’escampa, Espriu Cam. 52.
|| 2. Representant o comediant (Torra Thes.).
|| 3. Qui menja a despeses d’altri. Albarda per a menjar: parasitus, Nebrija Dict.
|| 4. Persona molt beneita, irreflexiva o inconsiderada (Santanyí). «Fulano és un aubardà».
Cult. pop.
Aubardà desvergonyit, mai espera lo convit (Saura Dicc.); cast.: El porfiado albardán comerá tu pan.
Fon.:
əwβəɾðá (Santanyí).
Etim.:
de l’àrab al-bardán, ‘el foll, el qui diu bestieses’ (Dozy Gloss. 66).

.

Diccionari català, valencià, balear (Alcover – Moll)

.

.

.

.

“[…]. El mot «albardà», car a Espriu, que a més de servir-se’n a La pell de brau l’usa per exemple al poema XV de Llibre de Sinera —en un context que el refereix a l’escarni i la burla—, designa un histrió, algú que crea un cercle tancat de burla —fa riure fent burla—, una figura que una vegada Espriu exemplificà amb el Tersites de la Ilíada, que és dit en aquest poema que gosa parlar —ell, que és dels pitjors— als millors i recriminar-los. És un mot particularment significatiu de la perversió, en el món, del riure, de la burla; perquè no la dignitat que caracteritza l’humà des del punt de vista dels ideals i de l’exigència moral, sinó els histrions, hi imperen; i doncs la burla dels pitjors encalça sempre els ideals, l’esperit dels millors. […]”

.

Carles Miralles
La pell de brau: Construcció poètica, sentit i interpretació

Dins de: Si de nou voleu passar. I Simposi Internacional Salvador Espriu, pàgs 98-99
Publicacions de l’Abadia de Montserrat, novembre de 2005

 

.

.

.

 

.

Salvador Espriu

Per a la bona gent

Llibres del Mall, 84

Ediciona del Mall. Barcelona, 1984

ISBN: 8474562252

.

...

 

Aquil·les al gineceu (o Aquil·les i la mentida). Aprendre a ser mortal. J. Gomá i M. Yourcenar

.

.

.

Aquil·les descobert per Ulisses i Diomedes.
Rubens i taller de Rubens (en especial Van Dyck)
Museu d’El Prado. Madrid

.
.
.
.

.
.

Quien visite el Museo del Prado podrá contemplar un her­moso y enigmático cuadro de amplio formato resultado de la colaboración de un Rubens maduro y su discípulo Van Dyck, quien en 1618, cuando el cuadro fue pintado, era sólo un ado­lescente en el taller de su maestro. ¿Qué tema escogieron para su colaboración y cómo lo ejecutaron estos dos artistas emi­nentes, cada uno en una etapa distinta del camino de la vida, uno en el apogeo de su capacidad y de su fama, el otro un mu­chacho que ya destaca en su oficio, rebosante de promesas y de incierta emoción? El título del lienzo es Aquiles descubierto por Ulises y muestra a un Aquiles adolescente, de rostro afemi­nado, vestido como una doncella, que, en el centro de la escena, rodeado de mujeres y frente a dos griegos, uno de ellos el astuto Ulises, blande una espada con ademán furioso. ¿Qué hace de aquella guisa, travestido de mujer, en tan insólita compañía, el más grande guerrero de la Antigüedad, el que con razón fue lla­mado el mejor de los griegos, el héroe excelso de la guerra de Troya, cuyas hazañas fueron cantadas por Homero? La cuestión es sobremanera intrigante. Obsérvese además que el mito de Aquiles ha sido un tema poco frecuente en la historia de la pin­tura, y todavía menos las escenas de su época anterior a sus aventuras y lances del ciclo troyano, las de su infancia y juven­tud, de las que Homero prescindió deliberadamente en su epo­peya. Que no fue un hallazgo de la casualidad lo demuestra que el mismo Rubens dedicó a la vida de Aquiles unos años más tarde, entre 1630 y 1635, una serie entera de ocho maravillo­sos tapices. ¿Qué pudo atraer a los dos artistas de un tema se­mejante, tan insólito, tan centrado en un contraste a primera vista pintoresco, exagerado?

Javier Gomá Lanzón (Bilbao, 1965)

El mito cuenta que Tetis, la madre de Aquiles, fue alertada de que éste, aunque, como hijo de diosa, era inmortal, no sólo estaría expuesto a la muerte sino que de hecho moriría si par­ticipaba en la guerra de Troya. Ahora bien, el interés de los grie­gos en que Aquiles se sumara a la armada griega era máximo porque, a su vez, habían sido avisados por el oráculo de que sólo si se aseguraban esa participación del hijo de Tetis obtendrían la victoria militar contra los troyanos. La diosa, indiferente al resultado de la guerra y preocupada tan sólo de la vida de su hijo, ocultó al joven Aquiles donde a nadie se le ocurriría bus­carlo, en el gineceo de la corte de Licomedes en Esciros. Allí, es­condido entre las doncellas como una más de ellas, el futuro héroe pasó los años de su adolescencia meditando sobre su ex­traño destino: una vida corta con gloria o larga sin ella; per­manecer en Esciros para siempre, quizá sin personalidad definida, sin nombre, sin hazañas y sin fama, más bien cuidando de no destacar en nada para no ser descubierto, insolidario con la causa de los griegos, pero con larga vida o aun eterno como un dios; o bien salir del gineceo, ir a Troya, pelear contra los bár­baros asiáticos, contribuir decisivamente a la victoria, descollar entre los demás héroes griegos y merecer gran gloria, pero morir, como un hombre más, y además morir joven, en la primavera de su vida.

Al final, Aquiles decide ir a Troya aun a precio de ser mor­tal. La pregunta es obvia: ¿por qué? En efecto, ¿por qué un hijo de diosa, inmortal como ella, decide renunciar a su rango, ser tan mortal como los demás hombres y compartir con ellos su fatal destino? ¿Qué impulsó a Aquiles a abandonar ese privile­giado lugar, ese Olimpo terrenal, con rumbo a una Troya que será para él un camposanto? La respuesta no es ni mucho menos evidente. Ya en un estudio anterior se formulaba la misma cues­tión, que entonces quedaba provisionalmente pendiente en es­pera de un ensayo futuro, que es el que ahora se presenta. Se decía allí: “¿Por qué Aquiles, el héroe griego, que pasó su adoles­cencia en un gineceo, viviendo la existencia de un dios inmortal, al abrigo de toda necesidad y de todo dolor, decidió en cierto mo­mento ir a la guerra de Troya, sabiendo con toda certeza que allí encontraría la muerte?”.

El cuadro del Prado muestra precisamente el momento de la decisión trascendental de Aquiles, inducida por Ulises. Éste ha llegado a conocer dónde se oculta el joven héroe y, mien­tras la armada griega espera expectante, idea un plan para bur­lar la vigilancia y poder entrar en el gineceo, vestido de mercader. Una vez dentro, las alhajas que extiende sobre una manta atraen la atención de las mujeres que, excitadas, corren a rodearlo, seguidas del hijo de Tetis, momento que el astuto Ulises aprovecha para hacer sonar una trompeta llamándolo a la guerra. Ésa es la escena del cuadro, cuando Aquiles, domi­nado por un ardor bélico irresistible, empuña la espada, des­cubriendo su identidad al mismo tiempo que resolviendo el dilema a favor de una vida breve con gloria, a favor, en suma, de la finitud. Deidamía, la hija del rey y señora del gineceo, que en el cuadro aparece embarazada de Aquiles, comprende al ins­tante que ha perdido a su enamorado para siempre, y por eso es representada pálida y abatida, con la mirada baja y asistida en su desolación por otras damas, sin que el gesto de su mano izquierda, que amaga un intento de retenerlo, sea otra cosa que un reflejo que ella misma sabe inútil.

El mito nos enseña que la mortalidad no es algo connatu­ral al hombre, sino que debe ser objeto de personal apropia­ción. Se podría pensar —todos tenderíamos a hacerlo— que la finitud de nuestra condición nos es dada con nuestro ser, que es consustancial a nuestro vivir y que en consecuencia se ejer­cita sin necesidad de adquirirse. Nada menos cierto. La mor­talidad es el privilegio de las individualidades genuinas y, como tal privilegio, debe ser conquistado con esfuerzo: elegirse a un alto coste y luego aprenderse. No es dato sino empresa, y de hecho no hay otra que pueda comparársela en importancia y rigurosa seriedad. Como, a imagen de Aquiles, nacemos divi­nizados y en la adolescencia hacemos de nuestro yo un gineceo, la tarea de aprender a ser mortal exige la capacidad y las energías de toda una vida; para muchos, incluso la vida en­tera es demasiado breve para aprender la mortalidad. Porque esa larga “novela de formación” que es el paso del hombre sobre la tierra en rigor no termina nunca. Cada año, cada día, incluso cada hora, los hombres reiteramos, conmemoramos y actua­lizamos la decisión esencial de un Aquiles enardecido por el so­nido de la trompeta y alzando la espada, y confirmamos después esa decisión con nuestros esfuerzos por aprender ese difícil arte de ser mortal.

Este libro ensaya la combinación de dos materias que nor­malmente son objeto de investigación independiente: por un lado, el tratado de educación, con la descripción del progreso del pupilo desde un estadio estético-subjetivo hasta la objeti­vidad del estadio ético; y por otro, el análisis ontológico-existencial sobre el ser finito del hombre. Un intento, pues, de conjugar el Emilio de Rousseau con Ser y tiempo de Heidegger. La necesidad de ese trascendental aprendizaje sobre la vida hu­mana en general no plantea primeramente tanto las cuestio­nes psicológicas o sociológicas de la más común pedagogía, como un problema incuestionablemente metafísico, relacio­nado con el ser del hombre: pues si el hombre al final de sus días muere, esa circunstancia no se circunscribe a un acontecimiento último del tiempo biográfico sino que colorea de mortalidad todos los momentos de su devenir sobre la tierra. Y el hom­bre, que dispone de tantas lecciones a mano para instruirse sobre los más diversos ámbitos de la vida, carece con frecuencia de los rudimentos de un aprendizaje metafísico sobre su propio ser fi­nito, siendo así que en él se encuentra su única posibilidad de existencia genuina y auténtica. Igual que Aquiles fue a Troya para ser el héroe celebrado, el glorioso vencedor y merecer la palma de ser llamado “el mejor de los griegos”, así nosotros ha­llamos también en la mortalidad nuestro único destino indi­vidual.

.

Javier Gomá Lanzón
Aquiles en el gineceo

.

.

..

.

.

Marguerite Yourcenar (Brussel·les, Bèlgica, 1903 – Mount Desert Island, EUA, 1987)

On avait éteint toutes les lampes. Les servantes, dans la salle basse, tissaient à l’aveuglette les fils d’une trame inattendue qui devenait celle des Parques ; une inutile broderie pendait des mains d’Achille. La robe noire de Misandre ne se distinguait plus de la robe rouge de Déidamie ; la robe blanche d’Achille était verte sous la lune. Depuis l’arrivée de cette jeune étrangère ou toutes les femmes flairaient un dieu, ma crainte s’était introduite dans l’Île comme une ombre couchée sous les pieds de la beauté. Le jour n’était plus le jour, mais le masque blond posé sur les ténèbres ; les seins des femmes devenaient des cuirasses sur des gorges de soldats. Dés que Thétis avait vu se former dans les yeux de Jupiter le film des combats où succomberait Achille ; elle avait cherché dans toutes les mers du monde une île, un roc, un lit assez étanche pour flotter sur l’avenir. Cette déesse agitée avait rompu les câbles sous-marins qui transmettaient dans l’Île l’ébranlement des batailles, crevé l’œil du phare instruisant les navires, chassé à coup de tempêtes les oiseaux migratoires qui portaient à son fils des messages de frères d’armes. Comme les paysannes mettent des robes de filles à leurs garçons malades pour dépister la Fièvre, elle l’avait revêtu de ses tuniques de déesse qui dérouteraient la Mort. Ce fils infecté de mortalité lui rappelait la seule faute de sa jeunesse divine : elle avait couché prés d’un homme sans prendre la précaution banale de le changer en dieu. On retrouvait en lui les traits de ce père grossier revêtus d’une beauté qu’il ne tenait que d’elle, et qui devait un jour lui rendre plus pénible l’obligation de mourir. Gainé de soie, voilé de gazes empêtré de colliers d’or, Achille s’était faufilé par son ordre dans la tour de jeunes filles ; il venait de sortir du collège des Centaures : fatigué de forêts, il rêvait de chevelures, las de gorges sauvages, il rêvait à des seins. L’abri féminin ou l’enfermait sa mère devenait pour cet embusqué une sublime aventure ; il s’agissait d’entrer, sous la protection d’un corset ou d’une robe, dans ce vaste continent inexploré des Femmes ou l’homme, n’a pénétré jusqu’ici en vainqueur, et à la lueur des incendies de l’amour. Transfuge du camp des mâles, Achille venait risquer ici la chance unique d’être autre chose que soi. Il appartenait pour les esclaves à la race asexuée des maîtres, le père de Déidamie poussait l’aberration jusqu’à aimer en lui la vierge qu’il n’était pas ; les deux cousines seules ses refusaient de croire en cette fille trop pareille à l’image idéale qu’un homme se fait des femmes. Ce garçon ignorant des réalités de l’amour commençait dans le lit de Déidamie l’apprentissage des luttes, des râles, des subterfuges ; son évanouissement sur cette tendre victime servait de substitut à une joie plus terrible qu’il ne savait où prendre, dont il ignorait le nom, et qui n’était que la Mort. L’amour de Déidamie, la jalousie de Misandre refaisaient de lui le dur contraire d’une fille. Les passions ondoyaient dans la tour comme des écharpes tourmentées par la brise : Achille et Déidamie se haïssaient comme ceux qui s’aiment ; Misandre et Achille s’aimaient comme ceux qui se haïssent. Cette ennemie musclée devenait pour Achille l’équivalent d’un frère ; ce rival délicieux attendrissait Misandre comme une espèce de sœur. Chaque onde passant sur l’Ile apportait des messages : des cadavres grecs, poussés en pleine mer par des vents inouïs, étaient autant d’épaves de l’armée naufragée faute de secours d’Achille ; des projecteurs le cherchaient au ciel sous un déguisement d’astre. La gloire, la guerre, vaguement entrevues dans les brumes de l’avenir, lui faisaient l’effet de maîtresses exigeantes dont la possession l’obligerait à trop de crimes : il croyait échapper au fond de cette prison de femmes aux sollicitations de ses victimes futures. Une barque grosse de rois fit halte au pied du phare éteint qui n’était qu’un écueil de plus : Ulysse, Patrocle, Thersite, avertis par une lettre anonyme, avaient annoncé leur visite aux princesses ; Misandre, complaisante tout à coup, aidait Déidamie à fixer des épingles dans la chevelure d’Achille. Ses larges mains tremblaient comme si elle venait de laisser choir un secret. Les portes grandes ouvertes firent entrer la nuit, les rois, le vent, le ciel plein de signes. Thersite soufflait, fatigué par l’escalier de mille marches, frottant entre ses mains ses genoux pointus d’infirme : il avait l’air d’un roi qui par lésine se serait fait son propre bouffon. Patrocle, hésitant devant ce furet caché à l’intérieur des Dames, tendait au hasard ses mains gantées de fer. La tête d’Ulysse faisait penser à une monnaie usée, rognée, rouillée, ou se voyait encore les traits du roi d’Ithaque : la main en auvent sur les yeux, comme au sommet d’un mât, il examinait les princesses adossées au mur comme une triple statue de femme ; et les cheveux courts de Misandre, ses grandes mains, secouant celles des chefs, son aisance, la lui firent prendre d’abord pour la cachette d’un mâle. Les marins de l’escorte déclouaient des caisses, déballaient ; mêlées au miroir, aux bijoux, aux nécessaires d’émail, les armes qu’Achille sans doute allait se hâter de brandir. Mais les casques maniés pas les six mains fardées rappelaient ceux dont se servent les coiffeurs ; les ceinturons amollis se changeaient en ceintures ; dans les bras de Déidamie, un bouclier rond avait l’air d’un berceau. Comme si le déguisement était un mauvais sort auquel rien n’échappait dans l’Île, l’or devenait du vermeil, les marins des travestis, et les deux rois des colporteurs. Patrocle seul résistait au charme, le rompait comme une épée nue. Un cri d’admiration de Déidamie le désigna à l’attention d’Achille qui bondit vers cette vivante épée, prit entre ses mains la dure tête ciselée comme le pommeau d’un glaive, sans s’apercevoir que ses voiles, ses bracelets, ses bagues faisaient de son geste un transport d’amoureuse. La loyauté, l’amitié, l’héroïsme cessaient d’être des mots servant aux hypocrites à travestir leurs âmes : la loyauté, c’était ces yeux demeurés limpides devants cet amas de mensonges ; l’amitié serait leurs cœurs ; la gloire leur double avenir. Patrocle rougissant repoussa cette étreinte de femme : Achille recula, laissa pendre ses bras, versa des larmes qui ne faisaient que parfaire son déguisement de jeune fille, mais donnaient à Déidamie une raison nouvelle de préférer Patrocle. Des œillades, des sourires interceptés comme une correspondance amoureuse, le trouble du jeune enseigne à demi naufragé sous cette houle de dentelles changèrent le désarroi d’Achille en jalousie furieuse. Ce garçon vêtu de bronze éclipsait les images nocturnes que Déidamie conservait d’Achille, autant qu’un uniforme primait à ses yeux de femme le pâle éclat d’un corps nu. Achille se saisit maladroitement d’un glaive qu’il lâcha sur-le-champ, se servit pour serrer le cou de Déidamie de ses mains de fille envieuse du succès d’une compagne. Les yeux de la femme étranglée jaillirent comme deux longues larmes ; des esclaves intervinrent ; les portes se refermant avec un bruit de milliers de soupirs étouffèrent les dernies hoquets de Déidamie : les rois déconcertés se retrouvèrent de l’autre côté du seuil. La chambre des Dames s’emplit d’une obscurité suffocante, interne, qui n’avait rien à voir avec la nuit. Achille agenouillé écoutait la vie de Déidamie s’échapper de sa gorge comme l’eau du goulot trop étroit d’un vase. Il se sentait plus séparé que jamais de cette femme qu’il avait essayé, non seulement de posséder, mais d’être : devenue de moins en moins proche à mesure qu’il resserrait son étreinte, l’énigme d’être une morte s’était ajoutée chezelle au mystère d’être une femme. Il palpait avec horreur ses seins, ses flancs, ses cheveux nus. Il se leva, tâtant les murs où ne s’ouvrait plus aucune issue, honteux de n’avoir pas reconnu dans les rois les secrets émissaires de son propre courage, sûr d’avoir laissé fuir sa seule chance d’être un dieu. Les astres, la vengeance de Misandre, l’indignation du père de Déidamie s’unirait pour le maintenir enfermé dans ce palais sans façade sur la gloire : ses mille pas autour de ce cadavre composeraient désormais l’immobilité d’Achille. Des mains presque aussi froides que celles de Déidamie se posèrent sur son épaule : stupéfait, il entendit Misandre lui proposer de fuir avant que n’éclatât sur lui la colère de ce père tout-puissant. Il confia son poignet à la main de cette fatale amie, régla son pas sur celui de cette fille à l’aise dans les ténèbres sans savoir si Misandre obéissait à une rancune ou à une gratitude sombre, s’il avait pour guide une femme qui se vengeait ou une femme qu’il avait vengée. Des battants cédaient, puis se refermaient : les dalles usées s’abaissaient doucement sous leurs pieds comme le creux mou d’une vague ; Achille et Misandre continuaient de plus en plus vite leur descente en spirale, comme si leur vertige était une pesanteur. Misandre comptait les marches, égrenait à haute voix une sorte de chapelet de pierre. Une porte enfin s’ouvrit sur les falaises, les digues, les escaliers du phare : l’air salé comme le sang et les larmes jaillit à la face de l’étrange couple étourdi par cette marée de fraîcheur. Avec un rire dur, Misandre arrêta le bel être ramassant ses jupes, déjà prêt à bondir, lui tendit un miroir ou l’aube lui permettait de trouver son visage, comme si elle n’avait consenti à le mener au jour libre que pour lui infliger, dans un reflet plus effrayant que le vide, la preuve blême et fardée de sa non-existence de dieu. Mais sa pâleur de marbre, ses cheveux ondoyant comme la crinière d’un casque, son fard mêlé de pleurs collant à ses joues comme le sang d’un blessé rassemblaient au contraire dans ce cadre étroit tous les futurs aspects d’Achille, comme si ce mince morceau de glace avait emprisonné l’avenir. Le bel être solaire arracha sa ceinture, défit son écharpe, voulut se débarrasser de ses mousselines asphyxiantes, mais craignit de s’exposer davantage au feu des sentinelles, s’il avait l’imprudence de se laisser voir nu. Un instant, la plus dure de ces deux femmes divines se pencha sur le monde, hésitant si elle ne prendrait pas sur ses propres épaules le poids du sort d’Achille, de Troie en flammes, et de Patrocle vengé, puisque aussi bien le plus perspicace des dieux ou des bouchers n’aurait pu distinguer ce cœur d’homme de son cœur. Prisonnière de ses seins, Misandre écarta les deux battants qui gémirent à sa place, poussa du coude Achille vers tout ce qu’elle ne serait pas. La porte se referma sur l’ensevelie vivante ; lâché comme un aigle, Achille courut le long des rampes, dégringola des marches, dévala des remparts, sauta des précipices, roula comme une grenade, fila comme une flèche, vola comme une Victoire. Les points du roc déchiraient ses vêtements sans mordre sa chair invulnérable : l’être agile s’arrêta, dénoua ses sandales, offrit à ses plantes nues une chance d’être blessées. L’escadre levait l’ancre : des appels de sirènes se croisaient sur la mer ; le sable agité par le vent enregistrait à peine les pieds légers d’Achille. Une chaîne tendue par le ressac amarrait au môle la barque déjà toute trépidante de machines et de départ : Achille s’engagea sur ce câble des Parques, les bras grands ouverts, soutenu par les ailes de ses écharpes flottantes, protégé comme par un blanc nuage par les mouettes de sa Mère marine. Un bond hissa sur l’arrière du vaisseau de haut bord cette fille échevelée en qui naissait un Dieu. Les matelots s’agenouillèrent, s’exclamèrent, saluèrent de jurons émerveillés l’arrivée de la Victoire, Patrocle tendit les bras, crut reconnaître Déidamie ; Ulysse secoua la tête ; Thersite éclata de rire. Personne ne se doutait que cette déesse n’était pas femme.

.

Marguerite Yourcenar
Feux

.

.

.

Javier Gomá Lanzón

Aquiles en el gineceo

colección textos y pretextos, 869

Pre-textos. València, 2007

ISBN: 9788481918137

.

.

.

Marguerite Yourcenar

Feux

L’imaginaire Gallimard, 294

Gallimard, 2010

ISBN: 9782070733125

.

.

.

.

.

 

Pentesilea. De Joan Tzetzes a Heinrich von Kleist. «Küsse» rima amb «Bisse»

.

.

PENTHESILEA:                                                            .

So war es ein Versehen. Küsse, Bisse,
Das reimt sich, und wer recht von Herzen liebt,
Kann schon das eine für das andre greifen.

.

PENTESILEA:                                                                    .

…………………………………..Doncs així
va ser un error. Besades, mossegades,
són mots que rimen, i tot el qui estimi
de cor els pot confondre

Heinrich von Kleist

.

.

.

.

Stephano Sanfilippo, en el seu blog La flor de Porfira, ens continua obsequiant amb versions al català de l’obra de poetes bizantins inèdits en la nostra llengua.

Aquil·les i Pentesilea, de Thorvaldsen

Recentment ens ha ofert la traducció de la posthomèrica de Joan Tzetzes, pel que fa a l’episodi de Pentesilea.

El text íntegre, en quatre parts, el podeu consultar a La flor de Porfira:

Joan Tzetzes: Posthomèrica, 1-35

Joan Tzetzes: Posthomèrica, 37-79

Joan Tzetzes: Posthomèrica, 80 – 135

Joan Tzetzes: Posthomèrica, 136-208

.

La part final, amb el relat dels darrers moments de Pentesilea, fatalment malferida per Aquil·les, que també occeix Tersites, per enriure-se’n, és especialment colpidora:

.

.

Però, quan acabà la batalla d’aquella guerra cruenta,
tornaren enrere per veure Pentesilea.
S’agitava convulsa, encara, al mig d’aquell extermini,
brillava per sa bellesa, mentre espirava l’últim alè,
la mamella amagada: era indòmita encara la verge.
I plorava l’Eàcida, tot demanant als companys
que en cavessin la tomba, per enterrar-hi la dona,
mes el túmul fou per a Tersites, no pas per a ella.
Doncs, vet aquí que, tal com esqueia, Aquil·les plorava
joventut, gallardia i més encara bellesa d’aquella
noia, però Tersites la va insultar des de lluny.
Aquil·les doncs, d’un cop a la testa, li va treure la vida.
Llavors el fill de Tideu, enfurismat per allò de Tersites,
llançà a l’Escamandre l’amazona Pentesilea:
i allà, entre les ones de l’Escamandre, l’abandonà l’alè de la vida.

.

Joan Tzetzes
Traducció d’Stephano Sanfilippo

.

.

.

En la història d’Aquil·les i Pentesilea, de Pentesilea i Aquil·les, ens trobem amb un entrellaçament entre violència i enamorament, on eros i thànatos van de bracet, on les besades rimen amb les mossegades.

Aquil·les occeix Pentesilea i, quan ho acaba de fer, quan la veu, se n’enamora irresistiblement (i Tersites, que se’n riu, ho paga també amb la vida)

Aquesta potent història portà Heinrich von Kleist a, donant-li un gir, dur el relat molt més enllà, amb unes ressonàncies nietzscheanes avant la lettre. Pentesilea s’enamora d’Aquil·les…

.

..

ODISSEU:

…………………………….Aquil·les i jo
ens trobem davant l’heroïna escita
al capdavant del seu estol de verges
en plena festa guerrera. Li oneja
el plomall sobre el casc, fa tremolar
els arreus i porpra i, sota d’ella,
calciga el terra el seu cavall. Abstreta,
mira per uns instants la nostra tropa
amb buida expressió, com si estiguéssim
tallats en pedra davant seu; et juro
que el palmell de la meva mà és molt més
expressiu que el seu rostre: fins que els ulls
es claven en Aquil·les, i de sobte
un foc li baixa fins al coll, tenyint-li
tota la cara, com si al seu voltat
el món sencer esclatés en flamarades.
[…]

S’adreça amb una expressió atònita,
com una noia de setze anys que torna
dels jocs olímpics, de sobte, a una amiga
que té al costat i crida: «Un home així,
oh Protoe, no va trobar-lo mai
la meva mare Otrere!». La companya
calla confusa, i Aquil·les i jo
ens mirem somrients. I ella, amb l’esguard
embriagat, contempla novament
l’esplèndida figura del d’Egina
que se li acosta per ferali saber,
tímid, que encara em deu una resposta.
I enrojolada d’ira o de vergonya,
roja altre cop la mateixa cuirassa
fins al cinyell, confusa, altiva, esquerpa,
se’m gira i diu: «Jo sóc Pentesilea,
la sobirana de les amazones,
i la meva resposta la rebràs d’aquest buirac».

.

.

Aquil·les i Pentesilea lluiten.  Aquil·les, enamorat de Pentesilea, finalment decideix reptar-la a una lluita a fi de perdre-la, a fi de que Pentesilea el faci presoner… L’extremament violent desenllaç ens és relatat de forma retrospectiva per Meroe, esgarrifada del que ha vist:

.

..

LA SUMMA SACERDOTESSA:

Parla, oh, cruel! Què ha passat?

MEROE:

…………………………………………….Ja sabeu
que ella ha anat a trobar el jove estimat,
ella, de qui mai més podrem dir el nom…
Enmig del caos dels seus sentits joves,
amb el desig ardent de posseir-lo,
fornida amb tots els horrors de les armes.
Voltada d’elefants i udols de gossos,
s’hi acostava, duent l’arc a la mà:
la guerra que entre els ciutadans s’escampa,
quan amb el rostre horrible, xop de sang,
avança amb els seus passos terrorífics
brandant la torxa damunt ciutats pròsperes,
no és tan bàrbara ni abominable.
Aquil·les, com l’exèrcit ho assegura,
només la va reptar perquè en la lluita,
jove insensat, es volia rendir
a ella lliurement, ja que ell també,
oh déus omnipotents, se l’estimava,
entendrit per la seva joventut,
i la volia seguir fins al temple
de Diana. Així, doncs, s’apropa a ella
ple de dolços pressentiments i deixa
els amics rere seu, p’rò quan la veu
que avança retrunyint amb tants horrors
contra ell que, confiat, va armat només
amb una llança per simple aparença,
vacil·la, gira el cap esvelt, escolta,
corre enrere amb espant, vacil·la i corre
com un cabirol jove que al fondal
sent de lluny el rugit del lleó bròfec.
Crida «Odisseu!», amb la veu sufocada,
Mira amb temor al seu voltant i crida:
«Diomedes!», i vol retrocedir
de nou cap als amics, però li barren
el pas, i alça la mà. S’ajup, s’amaga
l’infeliç sota un pi amb el fosc brancatge
penjant feixugament. La reina avança
mentrestant amb els seus gossos de presa
dominant amb l’esguard d’un caçador
bosc i muntanya, i quan ell, apartant
les branques, vol deixar-se anar amb els seus peus,
ella crida «Ah, el banyam delata el cèrvol!»,
i alhora tesa l’arc amb l’energia
d’una folla, fins que els extrems es besen,
l’aixeca, apunta, dispara, i la fletxa
travessa el coll d’Aqui·les, que es desploma:
sona entre el poble un ronc crit de triomf,
però ell, el més míser dels mortals,
encara és viu: el dard li sobresurt
un bon tros per la nuca; panteixant
s’alça i cau altre cop i es torna a alçar;
vol fugir, però ella crida: Tigris,
a ell! A ell, Leene! A ell, Esfinx!
Melampus, Dirque, Hircaó! I es llança…
es llança amb tota la gossada, oh Àrtemis,
damunt d’ell i agafant-lo pel plomall,
com una gossa entre gossos, el tomben
aferrant-se un al pit, l’altre al clatell,
i fan tremolar el terra amb la caiguda!
Rebolcant-se en la porpra de la sang,
Ell li toca la tendra galta i diu:
«Què fas, Pentesilea, esposa meva?
És aquesta la Festa de les Roses
que em vas prometre?». Fins una lleona
famèlica que anés buscant la presa
rugint ferotge en deserts camps nevats,
se l’hauria escoltat. Ella, però,
tot arrencant-li del cos l’armadura,
clava les dents, les clava al seu pit blanc,
rivalitzant ella i gossos: l’Esfinx
i l’Oxus mossegant el costat dret
i ella l’esquerre. Quan hi he arribat,
li rajava la sang de mans i boca.

Pausa. Totes elles callen, plenes d’horror.

Heinrich von Kleist (1777 - 1811)

[…]

.

Heinrich von Kleist
Traducció de Feliu Formosa

.

.

.

.

.

.

.

Gravats d’Oskar Kokoschka per a la Pentesilea de Kleist

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

.

Amb motiu de la fi de Pentesilea, Kleist ens assenyala novament l’entrellaçament entre vida i mort, amb unes paraules que ressonen molt més enllà de l’obra: 

..

LA SUMMA SACERDOTESSA:

Ah, déus, que frágil és l’ésser humà!
Aquesta que aquí jeu, rompuda, alçava
encara fa ben poc la seva veu
remorejant al cimal de la vida!

PROTOE:

Ha caigut perquè amb massa gallardia
i força va florir. L’alzina morta
aguanta ferma el temporal, però
aquest fa caure amb estrèpit la sana
perquè pot aferrar-se-li a la copa.

Heinrich von Kleist
Traducció de Feliu Formosa

.

.

Com indica Marisa Siguán en l’excel·lent introducció a la versió catalana de Feliu Formosa: «Viure implica passió i mort: una constatació molt romàntica i molt moderna. Kleist ho va demostrar amb la seva pròpia vida i ho va plasmar en una obra que avui manté tot el seu poder de seducció i d’impressió, de trasbalsament de les emocions i de consciència tràgica respecte a l’individu presoner d’estructures socials de pensament.  A totes les obres de Kleist hi són presents elements còmics. Només hi ha una excepció: Pentesilea

.

.

.

Heinrich von Kleist

Pentesilea

Traducció de Feliu Formosa

Institut del Teatre. Diputació de Barcelona

Barcelona, 2000

ISBN: 9788477947028

.

.

.

La comèdia ja en la Ilíada, als «Apuntes para una historia de la sátira», de Rubió i Ors

.

.

.

Apuntes para la historia de la Sátira en algunos pueblos de la Antigüedad y de la Edad Media

.

[…]

Joaquim Ruibió i Ors (Barcelona, 1818-1899)

.

La Grecia, pues, cultivó la sátira; y cosa rara y que ha debido mas de una vez poner á los críticos pseudo-clásicos en grave aprieto para disculpárselo, Homero no vaciló en introducir la comedia, bien que en porción muy escasa, en el más épico de sus poemas; lo grotesco en medio de sus mas nobles y majestuosos cuadros; á Tersites, en fin, el bufon de los reyes de la Grecia, entre estos y sus héroes. Aun hace mas y es que, obedeciendo acaso á un capricho de poeta, lo describe con rasgos parecidos á los que atribuye la antigüedad a Esopo. Y ved ahí el original personaje que es tenido todavía por no pocos como una invención de los tiempos medios, pero á quien Roma conoció también, aplaudió y concedió libertades que no se permitía á si propia, viviendo bajo las tiendas de los Aquiles y Agamenones, parodiando sus dichos y sus hechos, como siglos después en los palacios y castillos feudales parodiarán los de su profesión los dichos y hechos de sus poderosos y rudos señores.

Si nos limitáramos á trazar la historia de la sátira en sus manifestaciones literarias, tendríamos que salvar de un salto la larga distancia que separa á Homero de Tespis ó Susarion. ¿Mas cabe suponer siquiera que yaciese sepultada en hondo sueño o se condenara á enojoso silencio la retozona y atrevida musa del escarnio?

Es ya sabido que sin dejar de manifestarse en formas mas ligeras y fugaces, la sátira griega buscó y halló en la comedia, género de suyo popular y en Grecia espectáculo favorito de la plebe por su doble carácter de fiesta nacional y religiosa, un modo de expresion, sino el mas fácil, el de mayor alcance y el mas apropiado á su carácter. Pues bien, en griego Χωμωδια, de χωμος, comparsa festiva, ó χωμπ, comarca, nació, como es sabido, de las licenciosas fiestas Dionisiacas y de las impúdicas procesiones priapeas; y si el culto de Baco y del obsceno phallus se remonta en Grecia á edades muy lejanas y que no les es dado á la cronología precisar, en vez de hallar un vacio en la historia del género satírico entre el Padre de la epopeya y el ordenador del coro báquico, tendrémos acaso que admitir la mayor antigüedad de este sobre la creacion del personaje de bufon de corte, que en la Iliada encontramos.

,

[…]

.

Joaquim Rubió i Ors

.

.

.

.

Joaquim Rubió i Ors

Apuntes para una historia de la sátira

en algunos pueblos de la antigüedad y

de la edad media

Imprenta de Magriñá y Subirana

Barcelona, 1868

.

.

.


Elsa López, amb Aquil·les, Tersites i Penèlope, en castellà i en àrab

.

.

.

EL EXTRANJERO

.

.

Tú eres Aquiles, el hermoso perdedor,

el de la espada de hierro,

el de la radiante cabeza coronada,

el mejor.

La verdad que sí,

¡Oh dioses inmortales!

que eres realmente bello.

Y no me extraña en absoluto 

que Helena perdiera el aliento

y su peplo de seda

al verse frente a ti

arrojadas al mar sus sandalias de cuero.

.

Yo soy Tersites, el guerrero aplastado por tu brazo

y el peso brutal de tus caballos.

Yo soy el que te ama

en medio del fragor de las batallas,

mordido y ensangrentado por tus perros.

.

.

Elsa López

.

.

.

.

..

.

Elsa López (Santa Isabel de Fernando Poó -Guinea Ecuatorial-, 1943)

.

.

EL REINO DE ITACA

.

Y Penélope espera en el lecho vacío

y las noches son largas

y le sobran las horas

para tejer el velo

que cubra su tristeza

.

.

Elsa López

.

.

.

Elsa López

La fajana oscura

Poemas

Premio de poesía “Rosa de Damasco 1989”

Traducción al árabe: Rifaat Atfe

Ediciones La Palma. Madrid, 1991

ISBN: 8487417116

.

..

.

.

L’escridassada de Tersites a Agamèmnon (en el dia de la caiguda de Mubàrak)


Odisseu, Aquil·leu i Tersites

 

El dia en què un “rei de reis cobejós” ha caigut, fruit de les increpacions del seu poble, reproduim la increpació que Tersites fa a Agamèmnon en el Cant II de la Ilíada. Tersites, era “l’home més lleig dels qui van fer cap a Ílion. Era camatort i rancallós. Tenia les dues espatlles corbades, encongides cap a la pitrera. Per dalt, la seva testa era punxuda, i al damunt li sobresortia una mata de cabells esclarissats. Era molt odiós sobretot per a Aquil·leu i per a Odisseu, perquè solia discutir amb tots dos.”. Després de la seva escridassada al poderós Agamèmnon, Tersites fou colpejat per Odisseu, però aquesta ja és una altra història.


 

… Tersites, baladrejant sense parar, mortificava a Agamèmnon amb aquestes paraules: «Atrida, ¿de què et queixes un altre cop? ¿Què reclames? Les teves tendes estan farcides de bronze i hi tens moltes dones ben triades, que els aqueus t’oferim abans que ningú, sempre que conquerim una ciutat. ¿És que encara et falta or, que potser et portarà des d’Ílion algun troià domapoltres com a rescat del seu fill, que jo o un altre dels aqueus et porti lligat, o bé una jove captiva per a unir-t’hi en amor, posseint-la tot sol lluny dels altres? No està bé que el qui és capdavanter embarqui en desgràcies els fills dels aqueus. Covards, deshonra evident, aquees més que no pas aqueus, tornem cap a casa amb les naus; aquest, deixem-lo que paeixi les seves recompenses aquí a Troia…

 

Ilíada. Cant II, 224-237

Traducció de Joan Alberich i Mariné